<11> esprit; que, si cependant Guy Dickens avait quelque chose de plus fort à alléguer des lettres du sieur Porter, il souhaiterait qu'il lui communiquât un précis en forme de note, en l'accompagnant d'un billet de sa part, dont il ferait bon usage, mais qu'il ne saurait pas le voir ni lui parler.

Ce que le ministre anglais ayant fait, après avoir couché conjointement avec Esterhazy la note en question, il en était arrivé à la fin que le 25 de novembre dernier il y avait eu dans la maison du Grand-Chancelier un grand conseil,1 auquel le Sénat avec les collèges de l'empire et de la guerre avaient assisté, pour y débattre l'affaire de la forteresse; et que, la plus grande part de ce conseil ayant reconnu le danger qu'il y aurait de s'exposer à une guerre pour cet objet, le résultat en avait été qu'on enverrait ordre au sieur Obreskow, résident de Russie à Constantinople, de faire tout son possible pour dissiper l'ombrage que la Porte avait conçu et de tâcher de la disposer à se contenter qu'on fît cesser pour le présent les travaux à la forteresse et que tout restât in statu quo, mais qu'au cas que la Porte ne voulût pas s'en contenter, il aurait à déclarer alors que la Russie abandonnerait entièrement cette construction et ferait bâtir la forteresse dans un autre endroit qui ne causerait aucun ombrage à la Porte. Qu'il avait été encore résolu, dans le même conseil, d'ordonner incessamment la levée de 60,000 recrues pour compléter et augmenter l'armée; qu'en conséquence de ce résultat, les ordres avaient été effectivement expédiés au résident Obreskow, afin de se diriger en conséquence, et à Sainte-Elisabeth, pour qu'on fasse cesser aussitôt tous les travaux à la forteresse commencés et qu'on y laissât toutes choses in statu quo, sans recommencer les mêmes travaux au printemps prochain, à moins que l'on n'en fût amiablement convenu de part et d'autre.

Il a été en même temps fait communication de tout ceci au sieur Guy Dickens, par une note qu'on lui a fait présenter, qui a fini par souhaiter que les ministres des cours alliées agissent de concert avec le résident russien à Constantinople pour radoucir la Porte et la faire continuer dans ses sentiments pacifiques, sans toutefois la flatter mal à propos, afin de ne pas la confirmer, selon la note, dans ses injustes prétentions, et le sieur Guy Dickens est prié de faire à sa cour des représentations convenables pour que l'ambassadeur anglais à Constantinople soit incessamment instruit en conséquence. Ce que Guy Dickens a mandé à sa cour par un exprès.

Au reste, pour ne pas fournir l'occasion aux ennemis de la Russie de faire naître des soupçons à la Porte au sujet de la levée des 60,000 recrues, comme si cette augmentation se faisait dans la vue de lui faire la guerre, et que tout ce que la Russie faisait actuellement, n'était que pour tromper la Porte et pour gagner du temps, on avait eu l'attention de ne pas exprimer dans l'ukase qui devait émaner pour cet effet, le



1 Vergl. Bd. X, 498.