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a aucun plan d opération et qu avant de délibérer à ce sujet, on voudrait être éclairci sur les véritables desseins de l'Angleterre; que, s'ils étaient véritablement offensifs, il n'était pas douteux qu'il faudrait se disposer à faire des diversions dans les Etats de l'électeur d'Hanovre et de ses alliés et que, quant à la première de ces opérations, on se flattait que Votre Majesté voudrait non seulement y concourir, mais même S'en charger en entier; que la situation de Ses Etats La mettait à même de pouvoir exécuter une pareille entreprise avec promptitude et succès et qu'Elle trouverait dans l'électoral d'Hanovre de quoi Se dédommager amplement des frais dans lesquels la guerre pourrait La constituer. Qu'il savait bien que les engagements que la France avait avec Votre Majesté, étaient fort généraux et qu'ils ne portaient sur aucun objet en particulier, mais que les intérêts des deux cours étaient si étroitement liés qu'il était persuadé qu'Elle y serait toujours portée, lorsqu'il serait question d'agir contre leurs ennemis communs“

touchant l'expédition à faire dans les États d'Hanovre, en cas que la guerre soit inévitable, je vous dirai que, si ce ministre revient à la charge pour vous en parler, vous lui répondrez dans les termes les plus doux et les plus ménagés que je prendrai toujours toute la part imaginable à ce qui regarde la France, mais que, pour ce qui concerne cette diversion à faire de ma part, la chose était plus aisée à projeter qu'elle était difficile d'exécuter à mon égard.

Vous ferez observer à M. de Rouillé que j'avais chaque été 60,000 Russes en Courlande sur les confins de la Prusse,1 ce qui n'était pas un petit objet. Que, de plus, les Saxons avaient pris des engagements avec l'Angleterre;2 que, du troisième côté, la cour de Vienne pouvait assembler en moins de rien 80,000 hommes sur mes frontières, et qu'en quatrième lieu je n'étais pas jusqu'à présent bien assuré des intentions ni du Danemark, ni de la Porte Ottomane, et qu'à moins que de me voir puissamment épaulé d'un côté, il me serait impossible de me charger de tout le poids de la guerre.

Vous glisserez, d'ailleurs, bien adroitement et en termes bien doux, qui ne sentent le moindrement le reproche, dans cet entretien avec M. de Rouillé combien peu les conditions qui avaient été stipulées dans le traité qui fut fait l'année r744 entre la France et moi,3 avaient été mises en exécution alors de la part de la France, et que, quand l'an 1745 l'armée autrichienne avec celle de Saxe étaient au point d'entrer dans mes États pour les envahir, je m'étais vu abandonné entièrement et avais eu la réponse que je pouvais me tirer d'affaire, aussi bien que je l'entendais.4 Que, bien éloigné de vouloir faire jamais le moindre reproche sur tout ceci, il était cependant nécessaire que, sur une affaire de si grande conséquence que celle dont il s'agissait, j'eusse mes sûretés pour y être soutenu.

Quant à ce que M. de Rouillé vous a proposé par rapport au landgrave de Hesse-Cassel,5 vous lui direz.que je savais que, jusqu'à présent,



1 Vergl. S. 117.

2 Vergl. S. 134. 169.

3 Vergl. Bd. III, 131 Anm. 1; V. 10. 326; VII, 60.

4 Vergl. Bd. IV, 392; V, 10.

5 Vergl. Nr. 6772.