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6779. AU FELDMARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A FRANCFORT-SUR-L'ODER.

Potsdam, 8 mai 1755.

J'ai bien reçu la lettre que vous m'avez faite du 5 de ce mois, et suis très sensible à la communication confidente que vous m'avez faite de quoi il s'est agi dans l'entretien que vous avez eu avec le grandmaréchal comte Bestushew1 à son passage de Francfort. Comme il a pris des mesures avec vous pour avoir encore votre réponse, avant que d'atteindre les frontières de Russie ou de Courlande, afin de savoir ma véritable façon de penser sur une réconciliation entre moi et l'Impératrice sa souveraine, vous lui marquerez, en prenant cependant toutes vos précautions afin que votre lettre lui arrive sûrement, que je ne demandais pas mieux qu'une réconciliation sincère entre moi et l'Impératrice, et que je lui saurais infiniment gré s'il voulait bien y travailler; ce qui lui serait d'autant plus aisé à parfaire, vu que la Russie ni moi n'avions proprement rien à démêler entre nous et ne pas même jusqu'à des chicanes; mais que tout ce qui avait causé du refroidissement entre sa souveraine et moi, n'était fondé autrement que sur des mensonges, des soupçons et des calomnies les plus grossières et les plus ridicules qu'on avait malicieusement inspirées à l'Impératrice contre moi, qui s'évanouiraient au moindre éclaircissement, et dont j'espérais que lui, comte Bestushew, voudrait bien désabuser cette Princesse, pour laquelle j'avais gardé, nonobstant cela, toute l'estime possible. Enfin, qu'il serait bien désirable, même pour les vrais intérêts de la Russie, si ce comte savait contribuer à ce que cette trop grande prédilection des Autrichiens et des Anglais se refroidisse tant soit peu et fût mise dans des bornes plus justes que jusqu'ici.

Au reste, mes vœux sont pour le parfait rétablissement de votre santé et de vos forces, dont je serai bien aise d'avoir de bonnes nouvelles.2

Federic.

Nach dem Concept.


6780. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Potsdam, 10 mai 1755.

J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 29 d'avril dernier. Pour ce qui regarde le maréchal de Schwerin,3 vous pourrez hardiment assurer à la Reine que, dans tout ce que je vous ai mandé au sujet de son état malingre, il n'y a rien d'exagéré, vu que tout le monde sait ici qu'il a été, il y a quelques semaines, alité et très mal, à ses terres, de ses vieilles blessures et au point d'en succomber. Et, en qu'il s'en soit relevé pour se faire traîner à son régiment, il en



1 Vergl. Bd. IX, 274.

2 Vergl. Nr. 6780.

3 Vergl. S. 116.