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Quant aux nouvelles d'Angleterre, nous apprenons1 que les affaires entre la France et ce pays-là restent toujours sur le même pied, que le ministère de France fait tout et même plus qu'il ne faudrait pour conserver la paix, mais sans autre succès que d'en rendre celui de l'Angleterre plus fier et plus roide à insister à ses prétentions injustes; qu'en attendant les ministres anglais font tout pour amadouer l'ambassadeur de France, pour gagner le temps à dresser toutes leurs batteries afin d'abaisser la France par des forces supérieures; que ledit ambassadeur est si bon que de donner dans le panneau, en sorte que, tandis qu'on lui fait accroire qu'on ne veut que conserver la paix et que l'amiral Boscawen n'avait pas ordre d'attaquer l'escadre française, à moins qu'en Amérique, au cas qu'on attaquerait les colonies anglaises, on enjoint à cet amiral d'attaquer les Français en deça du 47e degré, en leur cherchant querelle, et au delà sans aucun prétexte. Enfin, que la rupture entre ces deux puissances est inévitable et qu'on n'a qu'à s'attendre à en apprendre bientôt les éclats. Qu'au reste l'intention du roi d'Angleterre n'était pas de chipoter des choses fort intéressantes pendant son séjour en Allemagne, ni de remettre sur le tapis l'affaire de l'élection d'un empereur des Romains.2

Quant aux cajoleries qu'on a faites au comte de Flemming avant son départ de Vienne,3 je ne doute pas qu'elles ne visent qu'à retenir la cour de Saxe dans le système des deux cours impériales et de la mener à accéder au traité de Pétersbourg contre des subsides.4

Federic.

Nach dem Concept.


6813. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Michell berichtet, London 13. Mai: „On remit une réponse par écrit, mais sans signature, vendredi dernier5 au duc de Mirepoix, par laquelle-ces gens-ci continuent dans les principes de leur contre-projet6 au sujet de leurs différends avec la France, à quelques sincérations prés qui ne portent à rien d'essentiel et ne sont calculées que pour tâcher d'en imposer à cette couronne. Malgré cela et les instructions que cet ambassadeur m'a dit avoir de ne plus négocier, en cas qu'on ne voulût pas se relâcher ici, il n'a cependant pas osé prendre sur lui de partir sans de nouveaux ordres, et les

Potsdam, 27 mai 1755.

J'ai bien reçu vos deux rapports du 16 et du 187 de ce mois, qui me sont entrés à la fois. Je sens parfaitement par les nouvelles intéressantes qu'ils renferment, Qu'une rupture entre la France et l'Angleterre est absolument inévitable et qu'il faut s'attendre d'un temps à l'autre qu'elle éclatera. Au reste, je suis fâché de la faiblesse et de la crédulité du duc



1 Vergl. Nr. 6813.

2 Vergl. S. 152.

3 Flemming wurde von dem Könige von Polen für die Zeit des Aufenthaltes König Georg's in Hannover dorthin entsendet.

4 Vergl. Bd. X, 183.

5 9. Mai.

6 Vergl. S. 145.

7 So ist das Datum des Michell'schen Berichtes vom 13. Mai von dem Cabinetssecretär verlesen worden.