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6818. AU SECRÉTAIRE MICHELE A LONDRES.

Michell berichtet, London 23. Mai: „L'on n'a point donné encore de réponse au mémoire que le duc de Mirepoix a remis au chevalier Robinson.1 On renvoie cet ambassadeur de jour à autre sous prétexte qu'il faut que tous les ministres considèrent à leur aise le contenu de ce mémoire et la façon dont il faudra y répondre, mais tout cela n'est calculé que pour amuser le duc de Mirepoix, gagner du temps et pour voir aussi si par ces délais la France ne s'avancera pas encore davantage; car l'on sait parfaitement à quoi s'en tenir au sujet du contenu du mémoire en question, le duc de Newcastle ayant tenu avant-hier à un ami le propos suivant: « Que voulez-vous que nous y répondions? son contenu est toujours si éloigné des principes de l'Angleterre, et les conditions de paix que la France y propose, si inadmissibles qu'à moins qu'un ministre ne voulût courir le risque de sa tête, il n'y en a aucun qui ose les accepter. » En attendant, le duc de Mirepoix est d'une tranquillité étonnante, ce qui donne lieu a de fort mauvais raisonnements sur le chapitre de sa cour, qui doit voir, à moins qu'elle ne soit aveugle ou que le duc de Mirepoix ne la nourrisse de bien fausses idées, que, quand même elle offrirait à l'heure qu'il est toutes sortes de propositions, elle n'avancerait encore rien avec ces gens-ci, qui n'en veulent dans le fond qu'à sa marine et à son commerce d'Amérique et qui croient le moment favorable pour ruiner l'une et l'autre.“

Potsdam, 4 juin 1755.

Je veux bien vous marquer le contentement que m'ont donné vos deux rapports du 20 et du 23 du mois de mai dernier, qui m'ont été fidèlement rendus, et je désire de vous que vous continuiez à m'en faire diligemment sur un même pied.

Il faut, au reste, que je convienne, pour le fond des affaires, que la conduite qu'y tient la cour de France dans les conjonctures présentes, ne saurait guère être plus faible qu'elle l'est, et qu'il est fort à craindre qu'elle ne se trouve à la fin dans le cas de devoir regretter cette même conduite, m'étant inconcevable que ladite cour ne s'aperçoive de ce qui pourtant naturellement saute aux yeux de tout le monde.

Federic.

Nach dem Concept,


6819. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 4 juin 1755.

J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits du 24 et du 28 du mois de mai passé, et me réfère, quant aux nouvelles qui nous sont arrivées pendant mon voyage en Poméranie, dont je ne fais que retourner, à ce que mes ministres vous en ont communiqué. Celles que l'ordinaire dernier nous a encore apportées de Londres, ne nous marquent rien d'intéressant, sinon que les choses entre l'Angleterre et



1 Vergl. S. 168.