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à Paris. Il me paraît qu'il fallait de la réciprocité dans ce cas, la France étant au moins égale en dignité avec l'Angleterre. Que personne ne doutait plus des vues offensives de l'Angleterre contre la France, par les grands armements que la régence d'Angleterre poussait avec tant de vivacité, et qu'il fallait avoir plus d'attention sur les actions que sur les paroles, et qu'au surplus il y avait tout lieu de croire que la trop grande modération dont le ministère se servait en cette occasion, n'aboutirait, au bout du compte, qu'à rendre les ministres anglais plus roides et inflexibles pour n'écouter plus à aucune proposition raisonnable.

Voilà des réflexions que vous tâcherez d'insinuer convenablement aux ministres de temps à autre, afin de les éveiller de leur léthargie présente. Au reste, je vois avec surprise par votre dernière dépêche ci-dessus accusée que la plupart de l'escadre française vient de rentrer dans le port,1 dont la raison me paraît jusqu'à présent incompréhensible.

J'ai été extrêmement frappé des propos que le sieur de Rouillé vous a tenus au sujet du landgrave de Hesse-Cassel et de ses arrangements domestiques faits à l'occasion du changement de religion du Prince héréditaire, son fils. Il faut bien que les ministres de France entendent bien mal leurs intérêts pour raisonner de la manière que M. de Rouillé l'a fait envers vous; aussi direz-vous tout net et sèchement à ce ministre que le grand intérêt de la France par rapport aux affaires de l'Allemagne avait toujours été de s'attacher et de soutenir le Corps Évangélique et les Princes protestants en Allemagne; que c'était ce que Louis XIV avait toujours pratiqué à son grand avantage; mais que, si les ministres de France voulaient changer de principe en ceci et agir d'une manière toute différente envers le landgrave de Cassel — qui d'ailleurs n'avait rien fait par ses arrangements domestiques que de prévenir à ce que ses bons sujets ne fussent un jour exposés aux persécutions que le Prince, son fils, venant à succéder à son père, voudrait intenter contre eux — ils m'ôteraient par là tout moyen d'être utile à la France dans l'Empire, ce que vous direz tout sèchement à M. de Rouillé, en ajoutant qu'il m'était absolument impossible de me mêler à faire ces insinuations au Landgrave que lui, M. de Rouillé, vous avait témoigné désirer de moi.2

Au reste, j'ai été bien fâché d'apprendre l'état malingre où se trouve le maréchal de Lœwendahl. Ce serait une grande perte pour la France que la mort de cet officier expérimenté, qu'elle ne saurait point réparer.3

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 163.

2 Vergl. S. 145.

3 Vergl. S. 87.