<217> de faire valoir cette raison aux garants de la paix, et qu'il me paraît même qu'elle n'y est pas trop fondée, bien entendu qu'il n'y a rien de statué ni de décidé dans ledit traité de ce qui concerne l'Amérique, et qu'en bonne conséquence les garants de cette paix seront toujours en droit de lui objecter le défaut du cas de l'alliance.

La réparation que la France songe de faire au roi de Sardaigne sur ce qui est arrivé au sujet de Mandrin,1 me paraît être trop forte. Il fallait bien venir à quelque réparation touchant l'atteinte faite à la souveraineté de ce Prince par la manière trop grossière dont on a agi à l'occasion de l'enlèvement dudit malheureux, mais de lui envoyer un ambassadeur extraordinaire pour faire telle déclaration publique dont vous faites mention,2 cela me paraît un peu outré. Mais, quoi qu'il en soit, j'aimerai toujours de voir les deux cours réconciliées ensemble et en bonne chemin de prendre des liaisons plus étroites entre elles que par le passé.3

Au reste, si mes avis que j'ai en dernier lieu de Hollande, accusent juste, la République retirera ses troupes et son artillerie des places de la Barrière pour les faire aller à Namur et aux places fortes de la Flandre hollandaise, et il paraît qu'on veut prendre son parti de ne point se mêler des différends de l'Angleterre avec la France, de rechercher celle-ci pour la neutralité et de ne vouloir se mêler de rien en tout ceci.

Federic.

Nach dem Concept.


6883. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 19 juillet 1755.

J'ai reçu votre dépêche du 9 de ce mois et vous sais un gré particulier des nouvelles bien intéressantes dont vous m'avez instruit, surtout de celles qui regardent les affaires de la Turquie. Quant à la circonstance qui y entre, touchant une lettre qui avait marqué que l'émissaire qui était arrivé à Constantinople, sous la qualité d'un courrier suédois, ne s'étant pas cru plus en sûreté pour retourner par la Pologne, s'était embarqué pour Livourne, — j'ai toute la peine du monde à me persuader que cette lettre accuse juste ou qu'elle saurait avoir quelque rapport au sieur de Rexin, au sujet duquel je vous ai déjà instruit,4 vu qu'au moins autant que j'en sais, il n'est jamais entré à Constantinople en courrier suédois, et que, d'ailleurs, je ne vois aucune bonne raison qui, malgré les différentes révolutions arrivées à la Porte, aurait dû



1 Vergl. S. 204.

2 Assurance solennelle „que l'enlèvement de Mandrin s'était fait à l'insu du roi de France et pour témoigner combien Sa Majesté Très Chrétienne était mortifiée de cet évènement.“ (Bericht Knyphausen's, 4. Juli).

3 Vergl. S. 134.

4 Vergl. S. 108.