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6886. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A COMPIÈGNE.

Knyphausen berichtet, Compiègne 10. Juli: „J'ai reçu les dépêches de Votre Majesté du 24 et du 28 de juin.1 La surprise que Votre Majesté témoigne dans la première de ce que la cour de France continue de laisser le duc de Mirepoix à Londres, malgré le peu d'envie que manifeste celle d'Angleterre de vouloir concilier ses différends avec cette puissance, est d'autant mieux fondée que M. Rouillé ne m'a non seulement déclaré à moi personnellement, mais aussi à différents autres ministres étrangers, lors du départ du roi d'Angleterre pour Hanovre, que cet ambassadeur ne resterait à Londres qu'autant qu'il trouverait le conseil de la Régence sincèrement disposé à un accommodement juste et raisonnable. Depuis ce temps, le ministère d'Angleterre a remis deux mémoires2 au duc de Mirepoix, dont aucun ne porte les caractères que M. Rouillé exigeait pour la prolongation du séjour de cet ambassadeur à Londres, mais qui prouvent au contraire que l'Angleterre ne cherche qu'à amuser la France et à se jouer d'elle.“

Potsdam, 22 juillet 1755.

Je n'ai rien à vous dire d'autre sur votre rapport du 10 de ce mois, si ce n'est qu'il est très constant que le ministère de France se départit beaucoup, dans les conjonctures présentes, de cette dignité qu'il conviendrait qu'il apportât au maniement des affaires, et dont de tout temps on a été si jaloux en France. Un inconvénient qui résulte, entre autres, de cette conduite relâchée du ministère, est qu'il diminue par là extrêmement son crédit dans l'esprit de grand nombre de puissances.

Quant aux frais de voyage que vous avez faits pour suivre la cour à Compiègne, j'ai donné l'ordre à la caisse de légation de vous en faire le remboursement.

Federic.

Nach dem Concept.


6887. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 22 juillet 1755.

Les circonstances ne vous ayant pas permis de me mander des choses intéressantes par votre dépêche du 11 de ce mois, je veux bien me borner, aussi, à vous recommander d'être fort attentif sur tout ce qui pourra se passer là où vous êtes par rapport aux alliances, aux traités de subsides et aux arrangements de guerre qu'on y fera, afin de m'en instruire exactement. Au reste, il m'est arrivé un avis3 comme si le roi d'Angleterre, au cas d'une guerre aux Pays-Bas, avait donné l'exclusion pour le commandement des troupes au prince Charles de Lorraine, de même qu'au maréchal Batthyany; et comme, d'ailleurs, l'on parle d'une augmentation d'ouvrages que ce Prince médite de faire faire à la forteresse de Stade dans le pays de Brême, pour y mieux assurer les trésors qu'il y a fait amasser,4 l'on en doit conclure que ce Prince s'attend à une guerre prochaine, qu'il songe d'attirer aux Pays-Bas.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Ministerialerlasse.

2 Vergl. S. 167. 181.

3 Bericht Klinggräffen's, Wien 12. Juli.

4 Vergl. Bd. IX, 396. 415.