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6894. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.

Potsdam, 28 juillet 1755.

Monsieur mon Cousin. J'ai été extrêmement sensible à tout ce que le Duc régnant, votre frère, vous a bien voulu marquer si obligeamment à mon sujet, dans la lettre que je vous renvoie ci-jointe1 avec mille remercîments. J'y ai reconnu son bon cœur, sa sincérité et ses bonnes intentions pour moi, de sorte que j'en suis vivement touché et surtout de ce que Je vois qu'il se sent de nouveaux embarras, principalement par amour de moi et de mes intérêts. Si j'ose lui ouvrir encore mes sentiments sur les nouveaux engagements qu'on lui prétend2 et sur lesquels l'on le presse avec une vivacité peu commune, je pense que, raisonnablement, l'on ne saurait pas prendre en mauvaise part de ce que le Duc voudrait au moins garder sa foi donnée par rapport à ses engagements antérieurs;3 tout au contraire, il me semble qu'on aura lieu de se louer de ce qu'on s'acquiert un prince qui observe religieusement sa parole une fois donnée. Mais, pour ne point rebuter entièrement ces gens, il me paraît que le Duc saurait se servir du biais de promettre l'envoi d'un nombre de ses troupes en Angleterre, supposé le cas qu'elle fût attaquée dans son propre pays, ou encore d'envoyer de ses troupes en Angleterre pour suppléer en partie celles que le Roi voudra envoyer en dehors, pour être d'autant plus en force.

Au surplus, je demande avec instance que le Duc veuille bien me faire le plaisir de ne pas me nommer en tout ceci et de faire même semblant comme s'il ne m'avait point consulté sur ces affaires. Quant à la continuation des subsides présents et à leur augmentation même, au cas que la négociation avec l'Hanovre échouât, je ne trouve rien de plus raisonnable que ce que le Duc demande à cet égard;4 aussi peut-il être persuadé que j'emploierais alors tous mes soins pour qu'il serait satisfait là-dessus.

Du reste, je ne saurais finir cette lettre, sans répéter combien je suis véritablement attendri de toutes les difficultés embarrassantes où le Duc se trouve impliqué à l'égard de ses affaires; j'estime cependant qu'il ne faut point qu'il désespère d'abord de la réussite de l'établissement considérable de la Princesse sa fille5 auquel il vise, parceque je me persuade qu'indépendamment de cela, il se trouvera encore des moyens pour le faire constater au gré et aux souhaits du Duc. Faitesmoi le plaisir de lui marquer tout ceci et surtout de lui renouveler les assurances de mon amitié et de ma considération particulière, que je lui garderai à jamais. Je suis invariablement avec les sentiments que vous me connaissez, Monsieur mon Cousin, votre très bon et très affectionné cousin

Federic.

Nach dem Concept.



1 Das Schreiben ist weder in Abschrift noch im Original vorhanden.

2 Vergl. S. 192.

3 Vergl. Bd. VIII, 207. 208.

4 Vergl. S. 237.

5 Vergl. S. 210.