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faite du chevalier de La Touche,1 je m'en suis expliqué avec eux d'une façon conforme aux ordres qu'Elle m'avait donnés à ce sujet à mon départ de Wésel, Je les ai trouvé tout préparés à cette nouvelle et généralement persuadés qu'il était nécessaire qu'on rappelât ce ministre et qu'on y envoyât quelqu'un qui fût agréable à Votre Majesté. Ils n'ont fait de choix jusqu'à présent, mais plusieurs d'entre eux paraissent incliner pour M. de Valory, et je ne serais point surpris qu'on le nommât à ce poste, si Votre Majesté y donne Son agrément. La position dans laquelle on se trouve actuellement ici, et la grande envie qu'on a de complaire à Votre Majesté,2 me font soupçonner qu'on se décidera incessamment à ce sujet et qu'on ne tardera à m'en parler. Je crois, en attendant, devoir prévenir Votre Majesté qu'il pourrait bien arriver qu'on envoyât actuellement un militaire à la cour de Votre Majesté, pour Lui porter les propositions qu'on s'est déterminé à Lui faire, et pour Lui communiquer les plans d'opérations auxquels on se fixera. Cet avis me vient de fort bon lieu, et on m'a assuré qu'il avait été ouvert dans le Conseil. … Il m'a même paru hier, quoiqu'on m'ait parlé avec beaucoup de réserve et de mystère, qu'on n'était point décidé encore si l'on s'en tiendrait à l'Angleterre seule en qualité d'agresseur ou si l'on entamerait ses alliés. Si l'on prend, comme cela pourrait bien arriver, le premier de ces deux partis, la guerre ne se communiquera point cette année aux alliés de la France, et ils auront le temps de se préparer et de se décider pour le parti qui leur paraîtra le plus convenable. Votre Majesté trouvera même à cet égard plus de facilité qu'aucun des autres alliés, attendu que le traité d'alliance défensive qui subsiste entre Elle et cette puissance, échoit au commencement de l'été prochain.“3

let, m'a été bien rendue, au sujet de laquelle je veux bien commencer à vous dire que, si la cour où vous êtes veut m'envoyer le marquis de Valory, il ne me sera point du tout désagréable, pourvu seulement qu'il ait la faveur et la confiance des ministres de France, sans quoi il n'y aurait rien à faire par lui.

Je vous dis, d'ailleurs, que je n'ai point été surpris, quand j'ai appris par votre dépêche l'embarras dans lequel les ministres de France se trouvent pour prendre leur parti, après l'insulte qui leur a été faite en Amérique par les Anglais,4 vu qu'ils n'y ont point voulu songer avant le cas arrivé, malgré tous les fidèles avis qu'on leur en a donnés afin de s'y préparer.5 C'est aussi pourquoi vous ne laisserez point échapper les occasions qui s'y offriront, pour leur insinuer en termes très modestes, et qui ne sentent nullement le reproche, comme s'il avait paru quelquefois qu'ils ajoutaient plus de créance à ce que les ennemis de la France leur insinuaient qu'aux avis sincères que les plus fidèles amis de la France leur donnaient, et, comme ils en avaient à présent une expérience toute claire, je les faisais prier de vouloir bien dorénavant avoir plus de confiance aux derniers qu'à tout ce que les autres leur faisaient d'insinuations fausses et de protestations éblouissantes.

Au surplus, si ces ministres viennent à vous demander ce que je ferai dans ces occurences, vous leur répondrez en termes polis que vous n'en étiez pas instruit, mais que vous saviez, à n'en pouvoir douter,



1 Vergl. S. 211.

2 Vergl. S. 144. 148. 170. 185.

3 Vergl. S. 170.

4 Vergl. S. 226.

5 Vergl. S. 93. 99. 103. 107. 114. 122. 172. 173; Bd. X, 442.