<232> que mes circonstances et mes arrangements ne me permettaient absolument point de pouvoir agir dans cette année-ci; avec cela, vous pouvez bien leur récapituler, quoique bien adroitement et en termes fort modérés, ce que je vous ai déjà mandé par une de mes dépêches antérieures1 au sujet du mauvais procédé dont on avait agi avec moi au temps de la dernière guerre, où l'on n'avait guère rempli aucun article des engagements qu'on avait pris avec moi, jusqu'à me déclarer à la fin, et quand les Autrichiens joints avec les Saxons étaient à portée d'envahir mes États, de m'aider par ma propre prudence aussi bien que je pourrais,2 ce qui ne saurait qu'à me fort intimider encore. Vous observerez cependant bien qu'en faisant ces insinuations aux ministres, vous vous servirez des termes les plus doux que vous saurez imaginer, afin de ne pas les rebuter, ni trop blesser leur délicatesse.

Au surplus, vous ajouterez que la situation particulière où je me trouvais par rapport à mes voisins ennemis, ne me permettait pas d'agir ouvertement, sans que la Porte Ottomane ne se fût déclarée en faveur de la France, et que, d'ailleurs, je ne saurais agir contre l'Hanovre, à moins que l'alliance entre le Danemark et moi ne soit constatée et que celui-ci ne se joignît à l'entreprise sur l'Hanovre.3

Au reste, en réfléchissant moi sur tout ceci, il m'est venu la pensée que, pourvu que la France hésitât encore d'attaquer vigoureusement les Pays-Bas, si la France alors ne voudra pas se servir des bons offices de l'Impératrice-Reine et de moi, en nous requérant pour être ensemble médiateurs, afin d'accommoder à l'amiable ses différends avec l'Angleterre. Comme ce n'est qu'une simple idée qui me vient de passer par l'esprit, vous prendrez, nonobstant cela, l'occasion pour en sonder adroitement M. de Rouillé, et me marquerez en après de quelle façon il a senti là-dessus.

N'oubliez pas de me mander quelle impression la rupture des Anglais avec la France a faite sur Madame de Pompadour,4 si, malgré cela, elle est encore portée pour l'Angleterre, ou si elle est fâchée de ce que celle-ci lui en a imposé.

Du reste, je veux que vous devez parler au sieur Mitra, afin de le presser sur la résolution qu'on veut prendre au sujet de l'achat du polder en Ostfrise, puisqu'il faut nécessairement que je sache à présent où j'en suis, afin de pouvoir en tout cas me tourner d'un autre côté à ce sujet.5

Federic.

Nach dem Concept.


6905. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 2 août 1755.

J'ai reçu votre dépêche du 22 de juillet passé. Quoique je convienne de tout ce que vous me marquez des fonds que le Parlement



1 Nr. 6774.

2 Vergl. Bd. IV, 389 Anm. 3.

3 Vergl. S. 223. 228.

4 Vergl. S. 228.

5 Vergl. S. 39.