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Ayant du depuis pris encore en considération cette affaire, je veux bien m'ouvrir envers Votre Altesse, quoique dans le dernier secret, que, toute réflexion faite, j'ai songé que mon traité d'alliance fait avec la France finira au printemps de l'année qui vient, ce qui me laisse la liberté d'agir alors conformément à mes intérêts et à ma convenance. Quoique je ne prendrais aucun autre engagement, avant que le terme stipulé dans ce traité ne soit expiré, je ne désavouerai cependant point Votre Altesse, si Elle veut, en attendant, donner à entendre au ministre anglais, avec lequel Elle est en correspondance là-dessus,1 mais toujours comme d'Elle-même et sans que je sois mêlé encore, que, pourvu qu'on me fasse faire des propositions raisonnables de la part du roi d'Angleterre, l'on pourrait peut-être arriver au but qu'on s'était proposé relativement à la neutralité des États d'Hanovre; qu'il ne fallait, cependant, pas s'attendre que je m'y ouvrirais le premier, mais qu'il faudrait indispensablement qu'on commençât à s'expliquer, en me faisant des propositions acceptables. Je laisse à la pénétration de Votre Altesse si Elle trouvera convenable de faire ces insinuations à Hanovre ou avant ou après le départ instant du roi d'Angleterre; je La prie seulement d'en vouloir user toujours avec ce ménagement, comme si je n'étais aucunement mêlé encore, mais que c'était d'Elle-même et sur des avis particuliers qu'Elle avait eus à mon sujet, qu'Elle avait cru hasarder ces insinuations au ministre, en forme de bon conseil qu'Elle lui donnait. Je suis avec la considération la plus parfaite, Monsieur mon Cousin et Frère, [de Votre Altesse] le bon cousin et frère

Fedeic.

Nach dem Concept.


6967. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 1er septembre 1755.

Votre dépêche du 22 d'août dernier m'a été fidèlement rendue. S'il arrive, comme je le présume fort, par toutes les raisons que vous m'alléguez, qu'on déplacera M. de Rouillé du département des affaires étrangères, je ne doute guère que ceux qui sont intéressés au changement, ne restent guère là, mais qu'ils continuent à faire sauter encore le comte d'Argenson de sa place. Au surplus, bien que l'abbé de Bernis2 soit un fort galant homme, qui a de l'esprit, la conversation agréable et des talents, je doute cependant qu'il ait la tête assez forte pour suffire à un département aussi important que celui des affaires étrangères, surtout dans un temps aussi épineux que celui-ci. Quoi qu'il en soit, vous serez bien attentif sur la suite de ces affaires, afin de m'en avertir bientôt, dès que vous en saurez quelque chose avec précision.



1 Holdernesse. Vergl. S. 272.

2 Vergl. S. 78.