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marche dans la conjoncture présente sur laquelle elle n'ait été consultée, et qu'elle a souvent servi d'instrument pour rectifier la conduite des ministres sur une infinité d'objets immédiatement. Le duc de Nivernois, l'abbé de Bernis et le maréchal de Belle-Isle, qui ont actuellement le plus de part à sa confiance, et avec lesquels je suis intimement lié, lui ont fait connaître les abus. Je ne puis même m'empêcher d'observer qu'elle a affiché en cette occasion le plus grand attachement pour Votre Majesté et qu'elle a témoigné beaucoup plus de fermeté que je ne la croyais capable d'en avoir.“

glais, vu qu'après avoir fait sonder adroitement et par manière indirecte le terrain là-dessus, j'ai trouvé que ce ministère est encore dans le premier feu de sa vivacité et dans l'opinion que l'Angleterre n'aura qu'un pas à faire encore pour abîmer entièrement la France, ainsi que toute proposition qu'on ferait audit ministère pour une médiation amiable, serait hors de saison et sans succès dans le moment présent, de sorte qu'il faut que l'idée en question vous reste personnelle,1 et que vous ne m'en mêliez du tout, parcequ'elle ne portera à rien.

Je vous recommande encore une fois d'employer toute votre industrie et savoir-faire pour être exactement informé de tous les points qui feront l'objet de la commission qu'on donnera au duc de Nivernois.2 Il m'importe extrêmement d'en être averti par vous, avant qu'il nous arrive ici, afin que je sache m'y préparer.

Pour ce qui regarde l'ignorance où M. de Rouillé se trouve actuellement sur tout ce qui regarde les affaires et le système de la Porte, je vous ai déjà instruit qu'en conséquence de mes nouvelles le Grand-Sultan est fort menacé d'être détrôné, et je crois que, dans cet état de fermentation, le sieur de Vergennes ne saura comment se prendre pour arranger ses affaires.3

Quant à ce qui concerne les différends qui subsistent encore entre moi et la cour de Suède, vous remercierez poliment le sieur Rouillé de l'attention qu'il a voulu bien prendre sur ces affaires, afin de les composer aimablement par l'entremise de la France;4 vous ferez sentir cependant au ministre que ce n'était que purement en égard de la France que je me prêtais à cette conciliation; aussi tournerez-vous tout ceci de la sorte qu'il me soit compté pour un mérite envers la France la complaisance dont j'use dans cette -occasion envers elle.

Au reste, je ne veux point vous laisser ignorer que, selon mes nouvelles de Londres,5 l'amiral Hawke a reçu actuellement des ordres d'attaquer les escadres et les vaisseaux marchands des Français partout où il les rencontrera, d'abord que ce seront des captures assez considérables pour mériter la levée de boucliers; de quoi vous pourrez bien avertir les ministres de France.



1 Vergl. S. 281.

2 Vergl. Nr. 6971.

3 Vergl. Nr. 6971.

4 Vergl. S. 283.

5 Bericht Michell's, London 22. August. Vergl. Nr. 6968.