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7019. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 7 octobre 1755.

Ce que vous m'avez marqué par vos dépêches du 23 et du 26 de septembre dernier,1 qui m'ont été rendues à la fois, touchant la dissension qui vient de s'élever entre les ministres anglais, et le changement qu'il y aura dans le ministère, m'a causé une grande surprise. J'avoue que je ne m'étais pas préparé à cela et que je ne m'attendais qu'à la nouvelle que, dès le retour du Roi,2 il n'y aurait là qu'une voix pour proclamer la guerre contre la France.

Je compte inutile de réveiller votre attention afin de rendre les dépêches que vous continuerez de me faire régulièrement, les plus intéressantes à présent. Je connais votre zèle et attachement pour mon service, mais jamais vous m'en rendrez un de plus essentiel que de vous informer présentement à fond de tout ce qui arrivera à la suite de ces phénomènes, et de m'en faire de fidèles rapports.

Je voudrais savoir, d'ailleurs, la raison pourquoi la cour de Londres hésite de signer le traité avec la Russie sur le pied que le sieur Williams l'a fait,3 et cela encore dans le moment où j'aurais cru qu'elle aurait donné carte blanche audit sieur Williams4 pour agir librement, afin de s'assurer du secours des troupes de Russie. Tâchez au mieux de pénétrer le vrai motif de ce changement subit, et, pour être d'autant mieux assuré du secret, ne m'en faites votre rapport qu'immédiatement et à moi seul.

Quant au sieur Fox, il me souvient que vous m'avez autrefois marqué des particularités sur son sujet;5 je serai cependant bien aise que vous m'expliquiez précisément encore son caractère et sa façon de penser sur les affaires, mais surtout à mon égard.6

Federic.

Nach dem Concept.


7020. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 7 octobre 1755.

J'ai reçu votre rapport du 27 de septembre. Observez de déchiffrer vous-même et seul tout ce qui suit. Je crois être à présent à même de vous indiquer les raisons de la mauvaise humeur de la Reine-Impératrice et de son ministre, le comte Kaunitz, qui a éclaté depuis l'arrivée du dernier courrier de Londres;7 il s'y est agi, sans doute, des nouvelles que nous venons de recevoir de Londres,8 en conséquence desquelles, depuis le retour du Roi, les ministres ne savent point s'accorder sur ce qu'ils doivent faire dans les circonstances présentes. Il



1 Vergl. Nr. 7020. 7022.

2 Vergl. S. 302.

3 Vergl. Nr. 7020.

4 Vergl. S. 196.

5 Vergl. S. 5.

6 Vergl. S. 363. 364.

7 Vergl. S. 322.

8 Berichte Michell's, London 23. und 26. September. Vergl. Nr. 7019.