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6618. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Berlin, 28 janvier 1755.

Vos dépêches du 13 et du 16 de ce mois m'ont été rendues à la fois, dont j'ai été très content par les matières intéressantes qu'elles comprennent. Il m'a fait surtout bien du plaisir que M. de Rouillé soit si bien entré dans mes vues touchant les bons offices que j'ai demandés à la France auprès de la cour de Vienne par rapport à mes différends avec celle-ci relativement aux affaires de commerce.1

C'a été, d'ailleurs, un sujet de satisfaction pour moi que le choix du sieur de Vergennes pour être envoyé à Constantinople,2 choix auquel je ne saurais qu'applaudir extrêmement, vu les qualités et les mérites personnels que je connais à celui-ci.

Je me suis également réjoui encore de la nouvelle de la nomination de M. de Séchelles pour ministre au Conseil d'État, au sujet de laquelle vous ne manquerez pas de lui faire de ma part un compliment des plus flatteurs et des plus affectueux que vous saurez imaginer, en l'assurant combien je prends de part à tout ce qui lui saurait arriver jamais.3

Federic.

Nach dem Concept.


6619. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Maltzahn berichtet, Stockholm 14. Januar: „La Reine m'a dit qu'il court ici un libelle terrible contre Votre Majesté, sous le titre Portrait de la cour de Prusse, tiré des papiers du feu comte Tyrconnell“ ; que, dans ce libelle, Votre Majesté, aussi bien que toute la famille royale de Prusse et feu le Roi, était attaquée. Sa Majesté me dit qu'elle avait cette pièce entre les mains; mais qu'elle hésitait de me la donner, puisqu'elle était si horrible que je ne pourrais presque pas l'envoyer à Votre Majesté; que la Reine ne voulait pas, sans savoir les sentiments de Votre Majesté, faire du bruit ici pour ce libelle, qu'elle ignorait si on lui donnerait toute la satisfaction qu'elle croyait devoir exiger. J'ai répondu à Sa Majesté que je manderais, ce que la Reine m'avait dit, à Votre Majesté, afin de recevoir à ce sujet Ses ordres. La Reine ajouta qu'Elle sentait bien le but de ceux qui

Berlin, 28 janvier 1755.

La dépêche que vous m'avez faite du 14 de ce mois, m'a été fidèlement rendue, sur laquelle et son contenu je veux bien vous dire que, quant au libelle infâme qui en conséquence de ce que la Reine vous en a dit, doit courir sous mains en Suède, vous direz à ma sœur que, selon mon sentiment, le meilleur parti qu'on saurait prendre contre de pareilles calomnies infâmes, était de ne les point relever, ni d'en faire des recherches publiques, mais de les mépriser souverainement et de faire semblant de l'ignorer ou de n'y avoir aucune attention,4 d'autant



1 Vergl. S. 29.

2 Vergl. S. 12.

3 Vergl. Bd. X, 428.

4 Vergl. Bd. X, 59. 135.