<369>

autres. Sa Majesté la Reine fait voir à cette occasion toute la grandeur de son âme; elle ne paraît point abattue de tant de travers que son parti a essuyés; niais il serait à souhaiter qu'elle voulût le faire, si j'ose me servir de cette expression, avec plus de modération. Sa Majesté, qui n'a manqué à aucune des cérémonies de l'ouverture de Diète, depuis qu'elle est en ce pays-ci, n'a point voulu assister à la dernière et n'y a envoyé aucun de ses princes. Le soir de ce même jour, il y avait de concert à la cour où le nouveau Maréchal de la Diète s'y était rendu; la Reine, qui parla beaucoup au comte Brahe et à d'autres de son parti, passa le général Fersen, sans lui adresser la parole, et lorsqu'il s'approcha avec l'ambassadeur de France de son clavecin, elle tourna la tête d'un autre côté pour ne regarder ni l'un ni l'autre.“

 

Nach dem Concept.


7069. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Häseler berichtet, Kopenhagen 28. October: „Je viens de causer avec le sieur Ogier sur les affaires présentes, et je m'en vais tâcher de rendre compte à Votre Majesté de ce qui peut en mériter Son attention. Cet ambassadeur a paru très satisfait de l'effet que l'écrit intitulé « Discussion sommaire »1 a produit sur l'esprit des principaux de cette cour. Il prétend s'apercevoir qu'on reconnaît et qu'on convient aujourd'hui que les prétentions de l'Amérique ne sont que le prétexte de la guerre que les Anglais vont allumer, et que leur véritable but est de s'assurer de l'empire de la mer et du Commerce. En conséquence, il se loue extrêmement des dispositions présentes de cette cour, et il m'a paru assuré que la cour de Danemark n'aura ni complaisance ni facilité pour le transport des troupes russiennes,2 si l'on veut les faire passer ta mer, et qu'elle prendra, au contraire, le parti de s'y opposer formellement. Le seur Titley a fait tout au monde en dernier lieu pour obtenir la prohibition de

Potsdam, 8 novembre 1755.

J'ai reçu vos deux rapports du 25 et du 28 d'octobre dernier, et c'est avec grande satisfaction que j'ai appris que la cour de Copenhague commence une bonne fois à ouvrir les yeux sur les vastes vues de l'Angleterre, de même que sur les démarches de la Russie, et que c'est en conséquence qu'elle vient de se déclarer favorablement pour la France.

J'espère que M. Ogier ne manquera pas de son côté d'entretenir la susdite cour dans ces sentiments et même de l'y animer plus encore, en sorte qu'il contrecarre efficacement tout ce que les cours de Londres, de Pétersbourg et de Vienne sauraient tenter d'inspirer de sentiments contraires au bon parti à



1 Die durch Ogier französisch und dänisch in Druck gegebene Staatsschrift über französisch-englischen Differenzen.

2 Vergl. S. 269.