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6669. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 1er mars 1755.

Je vous sais gré des particularités que votre rapport du 19 comprend.1 Ma lettre que je vous ai faite du 22, vous aura fait remarquer que le prétendu Aga que la Porte envoie à Vienne, n'est proprement qu'un simple commis de la trésorerie.2

Mes dernières nouvelles de Londres m'assurent que la négociation du duc de Mirepoix au sujet des différends d'Amérique commence à prendre un aussi bon tour, depuis peu, qu'on en conjecture très bien, et que ces différends pourront être terminés encore à l'amiable, malgré les grands armements de côté et d'autre. Je me réfère, quant à ceci, au détail que mes ministres vous en marqueront; mais, ce que je trouve bon de vous faire observer, c'est que mes lettres m'apprennent positivement que lé ministre autrichien n'a point pu dissimuler la mortification qu'il a ressentie en voyant les susdites affaires en train d'accommodement, après que les armements que l'on y faisait, l'avaient bien égayé, après qu'il avait compté sur une prochaine rupture, et après qu'il se croyait au moment de toucher à des subsides, afin que sa cour pourrait remuer aux dépens de l'Angleterre. Voilà je crois assez pour vous persuader que, si l'on a simulé à Vienne comme si l'on craignait une guerre entre la France et l'Angleterre, l'on a agi bien différemment à Londres.

Federic.

Nach dem Concept.


6670. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 1er mars 1755.

Vos dépêches du 14 et du 17 de février dernier me sont entrées à la fois, et vous verrez par le contenu de la dépêche d'aujourd'hui du département des affaires étrangères qu'il y a lieu d'espérer que les différends qui subsistent entre la France et l'Angleterre sur leurs possessions en Amérique, pourront encore s'accommoder en peu. Je le souhaite de grand cœur, et le bon succès de la négociation entamée à cet effet me ferait bien du plaisir, me flattant que, pour lors, la paix pourra se soutenir encore pendant quelque temps en Europe.

N'oubliez pas, au reste, de faire adroitement tomber d'accord M. Rouillé sur la façon sinistre de penser de la cour de Vienne sur la tranquillité publique, que son ministre de Colloredo à Londres ne s'était point soucié de cacher, ayant laissé clairement entrevoir, selon que la susalléguée dépêche du Département vous en marque tout le détail.3

Federic.

Nach dem Concept.



1 Ueber die Reise des türkischen Gesandten Chalil Effendi nach Wien.

2 Vergl. S. 64.

3 Vergl. Nr. 6668.