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6590. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 11 janvier 1755.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 24 décembre dernier. Comme j'ai tout lieu de présumer que l'importante nouvelle que nous venons d'apprendre par des lettres sûres de Pologne1 de la mort du Grand-Seigneur, qui est arrivée le 13 décembre de l'année passée, et auquel son frère Osman Ibrahim vient de succéder, sera déjà connue à Londres, vous devez être bien attentif pour savoir au plus juste de quelle façon les ministres anglais pensent sur cet évènement, afin que vous sachiez m'en donner des notions bien exactes.

Federic.

Nach dem Concept.


6591. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Berlin, 11 janvier 1755.

Le rapport que vous m'avez fait du 1er de ce mois, m'a été fidèlement rendu.

Dépêche secrète et à déchiffrer par vous-même. Me voilà à présent à même de vous informer confidemment et sous le sceau du plus grand secret de ce que je viens d'apprendre par rapport à la situation présente de l'affaire de la forteresse de Sainte-Élisabeth dans la Nouvelle Servie,2 selon ce qui m'en est revenu par un très bon canal,3 savoir que c'était vers la fin du mois de novembre de l'année passée que le sieur Guy Dickens avait demandé au chancelier Bestushew une conférence pour faire, en conformité des ordres qu'il avait reçus de sa cour, des remontrances convenables à celle de Pétersbourg sur la situation présente des affaires de la Russie vis-à-vis de la Porte Ottomane; sur quoi, le Chancelier s'étant excusé de ce que l'état chancelant de sa santé ne lui permettait pas encore de le recevoir, le sieur Guy Dickens, outré de ce délai, s'est répandu en plaintes du peu d'attention que la cour de Russie marquait à ses alliés, même dans les affaires les plus importantes, et, ayant réitéré ses instances pour un moment d'entretien avec ledit Chancelier, celui-ci lui a fait mander que son embarras était extrême, que, comme Tschernyschew avait reçu ordre depuis peu de faire à Londres la même insinuation que le comte Keyserlingk avait été chargé de faire à Vienne au sujet du différend sur la forteresse de Sainte-Elisabeth,4 et que l'Impératrice, loin d'avoir goûté les représentations de lui, Chancelier, s'était prêtée plutôt aux insinuations de ceux qui étaient d'un sentiment contraire au sien, de sorte que lui, Chancelier, ne pouvait faire autre chose que d'être tranquille, après avoir fait inutilement tout



1 Vergl. Nr. 6588.

2 Vergl. S. 8.

3 Bericht Maltzahn's, Dresden 4. Januar, auf Grund von drei Depeschen Funcke's an Brühl, d. d. Petersburg 25. November, 2. und 9. December 1754.

4 Vergl. Bd. x, 466.