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6696. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Knyphausen berichtet, Paris 10. März, über ein längeres Gespräch mit dem Marschall Löwendahl: „Au reste, il m'a fait entendre qu'il désirait fort que Votre Majesté voulût réveiller l'attention du ministère de France à son égard et faire insinuer par moi au comte d'Argenson que sa perte ne serait point indifférente, et qu'il était important pour ce pays-ci qu'on cherchât à le conserver.1 Il voudrait aussi que Votre Majesté lui fît l'honneur de lui écrire une lettre ostensible pour le dissuader de quitter et de passer au service de la république de Venise, ce qui le tirerait de l'embarras où il est de se rétracter avec honneur, après toutes les démarches qu'il a faites pour quitter, et les assurances qu'il a données que rien ne pourrait l'en détourner.“

Potsdam, 22 mars 1755.

Je suis fâché que des considérations certaines ne me permettent pas de me prêter aux instances que le maréchal de Lœwendahl m'a fait faire par vous touchant une lettre à lui écrire de ma part, en conséquence du rapport que vous m'en avez fait dans votre lettre du 10 de ce mois. Mais, comme je ne voudrais aussi lui faire essuyer un refus en formes à cet égard, il faut que vous songiez à le payer par quelque bonne défaite, supposé qu'il revienne pour apprendre de vous ma résolution, comme celle par exemple que, par la maladie qui vous avait attaqué, il vous était sorti de l'esprit ce qu'il vous avait proposé, de sorte que vous ne m'en aviez pas encore fait votre rapport. Au reste, pour m'expliquer confidemment envers vous à ce sujet, je crois que le maréchal n'a pas tout-à-fait lieu de se plaindre des procédés du roi de France à son égard, vu qu'il n'y a pas longtemps qu'il a obtenu une bonne augmentation de ses appointements avec le logement, et que, si d'abord il n'est pas mis en niveau avec feu maréchal comte de Saxe, il n'a pas aussi rendu encore les services signalés à la France que celui-ci avait faits.

Pour ce qui regarde les affaires d'Angleterre, je crains que le ministère de France ne se trompe dans l'espérance qu'il a mise dans les dispositions pacifiques du roi d'Angleterre et de ses ministres; car, si mes lettres de Londres2 accusent juste, comme je m'en persuade, je ne saurais regarder ces dispositions que comme une leurre pour gagner le temps d'achever leur armement naval, et mesdites lettres m'assurent que, quoique le ministère puisse pencher toujours pour le maintien de la paix, il était néanmoins à craindre qu'il ne leur fût plus possible d'y réussir, la nation s'étant trop échauffée à la vue des formidables armements qu'on préparait, et que, la dépense de cet armement faite, qui allait au delà d'un million de livres sterling, les ministres anglais n'oseraient plus aller avec la même aisance en avant [de] la négociation du duc de Mirepoix, [qu'ils auraient fait], si la nation s'était montré moins échauffée qu'elle le faisait. Qu'au surplus on avait fait



1 Vergl. S. 87.

2 Vergl. Nr. 6695.