6615. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

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Maltzahn berichtet, Stockholm 7. Januar, der Graf Düben habe ihm mitgetheilt: „Que le sénateur Wrede, qui est un des principaux du parti français, avait

Berlin, 25 janvier 1755.

J'ai reçu vos dépêches du 7 et du 10 de ce mois, et il m'a été

dit, il y a quelque temps, au sieur Panin chez le ministre de Saxe33-1 que Votre Majesté comptait de se mêler des affaires qu'il y avait présentement à Cassel,33-2 et qu'Elle aimait assez à prendre part aux affaires des princes de l'Empire, ajoutant que, pour ce pays-ci, on serait en garde contre Elle, puisqu'on La connaissait pour un prince inquiet et remuant, contre lequel il n'y avait pas de sûreté.“

Maltzahn berichtet, Stockholm 10, Januar: „La Reine m'a fait venir avanthier dans son cabinet, où j'ai eu l'honneur de l'entretenir pendant une heure. Le plus intéressant de ce que Sa Majesté m'a dit, c'est qu'elle voyait que Votre Majesté désirait toujours qu'il y eût ud accommodement ici, mais que la Reine voudrait bien que Votre Majesté lui dît de quelle façon cela pût se faire, et que réellement cela n'était pas possible, vu l'état où les choses étaient. Que, présentement, il fallait que le Roi choisît ou à soutenir avec fermeté ses droits à la Diète ou de tout abandonner au Sénat et de lui donner un coin qui fût l'empreint de son nom, comme avait fait feu le Roi, afin que le Sénat pût faire tout ce qui lui plairait ; qu'ainsi, comme on ne pouvait conseiller au Roi le dernier parti, il fallait prendre le premier. Que la Reine, autant qu'elle pouvait prévoir les choses, ne doutait pas qu'elles n'allassent bien pour la cour à la Diète, mais qu'elle dé' sirait cependant que Votre Majesté pût engager la cour de France à entrer dans les vues de celle de Suède, afin que tout se passât tranquillement … Enfin, Sire, la Reine me parut avoir beaucoup de bonne espérance présentement; cependant, elle revint à l'idée d'engager la France,33-3 afin que tout se passât tranquillement. Sa Majesté me proposa encore de parler, si Votre Majesté me l'ordonnait, au marquis d'Havrincourt, et que, comme, selon ce que j'avais dit à la Reine, il n'avait jamais voulu entrer en matière avec moi, il serait nécessaire que je l'y forçasse, pour ainsi dire, en rompant la glace et en entrant le premier en matière, pour voir si l'on pouvait le retourner. Cependant, il vint, le moment d'après, le doute à Sa Majesté que le marquis d'Havrin-

extraordinairement sensible d'apprendre que les affaires entre la cour et le Sénat s'embrouillent de plus en plus à chaque occurrence. J'en suis d'autant plus embarrassé que je ne vois point de moyen à y porter remède, mon avis se réduisant à ce que vous ayez à parler doucement à ce sujet à la Reine, en lui insinuant néanmoins poliment, bien qu'assez intelligiblement, que, vu les circonstances présentes, je ne saurais rien contribuer moi seul pour que les affaires en Suède y prennent le pli à la prochaine Diète selon l'intention de la cour; que d'y disposer la France, c'était ce qui, vu la situation présente des affaires, paraissait, sinon absolument impossible, du moins extrêmement difficile, après que celle-ci était prévenue en faveur du parti sénatorial; qu'il ne me restait donc qu'un conseil à donner à la Reine, dont elle jugeait par sa propre pénétration, savoir de n'entreprendre ni de ne commencer rien dont on ne puisse prévoir une heureuse issue, puisque, si la cour échouait dans son entreprise, cela lui attirerait un tort qui ne pourrait être que très difficilement réparé ensuite.

Quant aux confidences que vous a faites le comte Düben des propos que doit avoir tenus le sénateur de Wrede sur mon sujet, elles ne m'affectent que médiocrement, parceque d'un côté je ne connais pas assez le caractère dudit comte Düben pour pouvoir juger de la solidité des avis en question, et que d'un autre côté je ne saurais m'imaginer que le sénateur

court pourrait lier une pareille conversa, tion. Je ne sais si Votre Majesté jugera à propos que je parle encore une fois à ce ministre; après tout ce qu'il m'a dit, je n'oserais me flatter de le faire changer de sentiment, et, si, du su de la Reine, j'ai une conversation avec lui, je ne pourrai plus m'empêcher de rendre compte à Sa Majesté de sa véritable façon de penser, au lieu que, jusqu'ici, je la lui ai cachée, disant que je n'avais pu venir à bout de faire expliquer l'Ambassadeur.“

Wrede eût de propos délibéré, en se servant des expressions indiquées par le comte Düben, tenu pareils discours sur mon sujet; je présume plutôt que, si le sénateur Wrede en a tant fait que de ne pas parler sur mon compte dans un sens toutà-fait favorable, il l'a fait néanmoins d'une manière bien différente, et qu'il se pourrait que Düben eût outré les expressions de ce sénateur, ou du moins qu'il les eût interprétées dans un sens entièrement différent. Mais, quoi qu'il en soit, la pureté de mes sentiments et de mes intentions pourra toujours me tranquilliser sur pareilles imputations controuvées.

Federic.

Nach dem Concept.



33-1 von der Osten-Sacken.

33-2 Vergl. S. 30.

33-3 Vergl. Bd. X, 319—321.