6688. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

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Klinggräffen berichtet, Wien 5. März: ..Les trois émissaires [du Grand-Seigneur]85-4 ont un ordre exprès de ne point entrer du tout dans aucune affaire qui regarde l'étranger, et de ne s'en tenir qu'à leur simple destination, savoir qu'à la notification du trône du Grand-Seigneur. Le but en est que les affaires doivent se traiter a Constantinople. Le Sultan a fait approcher de lui Ali-Bacha … C'est le même qui battit le prince de Hildbourghausen à Banjaluka,85-5 homme très valeureux et hardi. On ne doute point qu'il ne succède en peu au Grand-Visir. Je sais de bon lieu que ce choix du Grand-

Potsdam, 15 mars 1755.

Le rapport que vous m'avez fait du 5 de ce mois, m'a été bien rendu. Les nouvelles de Turquie que vous me marquez, sont très bonnes et font augurer qu'au moins pendant le règne du Sultan présent les deux cours impériales seront obligées de garder bien des mesures avec la Porte, qui gêneront surtout celle de Vienne dans ses vastes desseins.

Seigneur ne fait nul plaisir ici. Il faut bien que la Russie ne regarde le nouveau Sultan aussi pacifique que le comte Kaunitz a affecté de le faire passer, puisqu'elle a fait déclarer à la Porte qu'elle se désistait entièrement de la construction des fortifications auxquelles elle avait fait travailler jusqu'ici.86-1 On peut, je crois, établir pour chose sûre que les intrigues des deux cours impériales seront sans effet pendant longtemps.“

Pour ce qui regarde les courriers anglais arrivés successivement à Vienne dont les dépêches qu'ils ont portées, ont donné lieu à de longs entretiens avec le sieur Keith, je ne présume pas que la cour de Londres veuille déjà sommer celle de Vienne sur le secours à lui prêter contre la France, au cas que la première se crût obligée de rompre avec celle-ci; je crois plutôt que c'a été ou par rapport à l'affaire de la Barrière,86-2 où la cour de Vienne regimbe beaucoup encore, ou, ce qui paraît le plus vraisemblable, que le sujet de ces entretiens a été la communication que la cour de Londres a donnée aux deux cours impériales des préparatifs qu'elle fait à l'occasion des différends avec la France,86-3 et de la négociation qu'on a entamée avec elle, de même que des ordres envoyés, sans en être requis, au sieur Porter pour qu'il tâchât de conserver le ministère de la Porte dans des sentiments pacifiques comme ci-devant; démarche dont je crois vous avoir déjà averti86-4 que le ministère anglais s'en est avisé afin de faire voir aux deux cours impériales qu'on veille à leurs intérêts, et pour qu'elles en fassent autant à l'égard de l'Angleterre. Ce que vous tâcherez d'approfondir au possible.

Federic.

Nach dem Concept.



85-4 Vergl. S. 64.

85-5 1737.

86-1 Vergl. S. 64.

86-2 Vergl. S. 38.

86-3 Vergl. S. 64.

86-4 Vergl. Nr. 6659.