6781. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

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Knyphausen berichtet, Paris 28. April, in einem nur für den König beœ stimmten Schreiben,148-1 dass ihm der Wunsch, der König von Preussen möge sich zu einem Einmarsch in Hannover verstehen, wiederum geäussert worden.148-2 „L'on n'ignore point que Votre Majesté a deux puissants ennemis à redouter, dont l'un est la Russie et l'autre la cour de Vienne. Mais l'on se flatte ici que la lenteur qui règne dans l'opération de la première, brisera les coups qu'elle pourrait Lui porter, et, quant à la seconde, l'on imagine qu'avant qu'elle se déclare contre Votre Majesté, Elle aura le temps de faire des progrès dans le pays d'Hanovre qui frayeront peut-être le chemin à une paix. Telle est, en gros et autant que j'ai pu l'approfondir, la façon de penser du maréchal de Lœwendahl, que le comte d'Argenson a consulté et auquel il a demandé des plans d'opérations par lesquelles il conviendrait de commencer en cas de rupture. Je crois qu'on ne tardera point à se concerter avec Votre Majesté, et le maréchal de Lcewendahl m'a même confié que le comte d'Argenson lui avait fait entendre qu'en pareil cas on pourrait bien l'envoyer à Berlin pour communiquer à Votre Majesté les idées de la France et pour convenir avec Elle d'un plan d'opération. Comme j'ignore quelle est la façon de penser de Votre Majesté sur cette mission, je me suis expliqué sur ce point avec une extrême réserve envers le maréchal de Lcewendahl et me suis restreint

Potsdam, 10 mai 1755.

Le rapport que vous m'avez fait du 28 d'avril dernier, m'a été fidèlement rendu. J'approuve parfaitement que vous vous soyez tenu fort réservé sur les propos qu'on vous a faits, tant à une diversion à faire au cas présupposé qu'à la mission du maréchal de Lcewendahl, avant que d'avoir eu mes instructions à ces sujets. J'espère cependant que la lettre que je vous ai faite du 6 de ce mois,148-3 vous sera déjà heureusement arrivée, qui vous aura fourni des réflexions bien dignes de toute la considération de M. Rouillé. Et, comme je m'y remets, je veux bien vous faire observer encore pour votre direction qu'il faut qu'avant que nous procédions à faire des plans de diversions, nous voyions clair sur les desseins des Anglais, et si alors d'autres puissances voudront s'en mêler. Au cas que non, Je suis persuadé que la France se trouve assez en force pour repousser seule les Anglais; mais, au cas que l'affaire parvînt à ce que d'au-

à me répandre en éloges sur l'opinion avantageuse qu'Elle avait de ses talents et de son expérience, sans lui donner aucune réponse positive sur les ouvertures qu'il m'a faites.“

très puissances voudraient s'en mêler, pour attaquer la France en Europe, ce sera alors, à ce qui me semble, le temps de songer entre nous à faire des plans d'opérations pour l'assistance mutuelle; auquel cas, cependant, il faudra toujours prendre en considération que la France a des frontières bien garnies de forteresses, et qu'elle n'aura alors qu'affaire avec un seul ennemi, au lieu que mes frontières sont pour la plupart ouvertes, et que j'aurais affaire avec trois ou quatre ennemis, ce qui fait une terrible différence. Pour ce qui regarde la mission du maréchal de Lœwendahl, j'avoue que je vous saurais gré, si vous savez la détourner habilement.

Knyphausen berichtet, Paris 28. April: „On prétend, en attendant, que le rappel du sieur Dupleix149-1 a répandu une grande joie à Londres; et il est certain que ce n'est qu'à la réquisition du ministère anglais qu'on a pris cette résolution. Ce dernier s'était engagé en revanche à rappeler le sieur Saunderson, gouverneur de Madras. Mais on a appris du depuis qu'afin d'éluder la promesse qu'il avait faite à ce sujet et de conserver le sieur Saunderson dans l'Inde, qui dès lors en avant sera plus utile à sa patrie que ses projets ne seront plus combattus par le crédit et l'activité du sieur Dupleix, il lui a ôté, à la vérité, le gouvernement de Madras, mais l'y a laissé en qualité de commissaire et a mis à sa place un jeune homme qui lui est entièrement subordonné, et qui n'agit que par ses ordres. Cette anecdote se trouve renfermée dans une lettre fort étendue arrivée tout récemment de Pondichery, qui porte que le rappel du sieur Dupleix avait causé une consternation générale dans les Indes et qu'il y avait apparence qu'il alarmerait d'autant plus vivement tous les alliés de la France que de pareils actes de complaisance ne prouvaient que trop qu'on voulait tout sacrifier à l'avidité et à l'insolence des Anglais.“

Au reste, par le compte que vous m'avez rendu dans votre relation ordinaire de ce qui est passé au sujet du sieur Dupleix, j'ai remarqué avec peine cette extrême faiblesse avec laquelle les ministres de France agissent envers l'Angleterre et qui, au bout du compte, ne saura qu'à faire à eux-mêmes le plus grand tort du monde.

Federic.

Nach dem Concept.



148-1 Vergl. Bd. VIII, 440.

148-2 Vergl. S. 143. 144.

148-3 Vergl. Nr. 6774.

149-1 Vergl. S. 89 Anm. 1.