6926. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 12 août 1755.

Le rapport que vous m'avez fait du 2 de ce mois, m'a été rendu. Ce que vous sentez sur la nouvelle arrivée à la fin à Vienne de la rupture faite entre l'Angleterre et la France, qu'elle ne soit point agréable à la cour où vous vous trouvez, paraît se confirmer par des lettres de Londres de la plus fraîche date,256-1 quoique par rapport à une circonstance qu'on a tout autrement débitée à Vienne, savoir que des nouvelles qu'on avait eues de Vienne du 14 dernier, portaient qu'on y était inquiet par rapport aux différents mouvements que les janissaires des garnisons turques des frontières hongroises faisaient, et que le chargé des affaires de l'Impératrice-Reine256-2 avait communiqué au ministère anglais une lettre du comte Kaunitz qui en faisait mention comme d'une affaire qui peut-être pourrait avoir des suites; ce qui ne laissait que d'inquiéter également les ministres anglais, par la crainte qu'ils avaient que ladite circonstance n'empêche la cour de Vienne d'entrer dans les projets de l'Angleterre relativement aux mesures à prendre pour agir contre la France, contre ce [que] lesdits ministres avaient sans cela supputé tout autrement, ayant compté que ladite cour se prêterait aisément à ce que l'on exigerait d'elle, et que ce qu'elle faisait de difficultés, n'étaient que des simagrées pour avoir plus d'argent. Quoi qu'il en soit, j'envisage encore ce que la lettre ci-dessus mentionnée du comte Kaunitz a mandé à Londres des appréhensions qu'on avait des mouvements des Turcs, comme un masque sous lequel on voudrait cacher le peu d'envie qu'on a d'entrer aussi loin que la cour de Londres voudrait qu'on allât avec elle.

Federic.

Nach dem Concept.



256-1 Bericht Michell's, London 1. August.

256-2 Zöhrer.