6971. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Neisse, 6 septembre290-6 1755.

Votre rapport du 25 du mois passé d'août m'a été bien rendu, qui, quoique assez instructif, ne me laisse cependant d'autre sujet pour vous répondre que de vous dire seulement que vous pourrez avertir les ministres de France qu'en conséquence de bonnes lettres d'Angleterre, que j'avais eues avant mon départ de Potsdam en Silésie,290-7 la résolution était prise des ministres régents en Angleterre de ne ménager aucun pavillon de quelque puissance que ce puisse être, hormis celui peut-être de l'Espagne, quand une fois la guerre en Europe serait déclarée contre la France, pour ne pas visiter les vaisseaux qu'on trouverait en mer, et en ôter et déclarer contrebande tout ce qui appartenait à des sujets français ou ce qui leur était adressé.

Il serait superflu de vous marquer le détail de l'affaire qui est arrivée en Amérique, où un corps de troupes anglaises, sous les ordres du général Braddock, a été battu à plate couture,290-8 vu que toutes les gazettes publiques en parlent; je me bornerai seulement de vous dire que cette affaire a été une des plus décisives, vu que ce que les Anglais avaient de meilleurs troupes en Amérique, est défait, que ceux-là ne peuvent espérer plus de succès le reste de la campagne, et que les Français y ont gagné la supériorité en troupes, y compté le nouveau renfort qu'ils ont reçu.

Nous avons des nouvelles de Turquie qu'il y règne des semences de soulèvement contre le Sultan,290-9 qui apparemment pourra être bientôt<291> détrôné. Avertissez-en M. de Rouillé et dites-lui de ma part que je sais de science certaine291-1 que le Reïs-Effendi est vendu aux Anglais, et que c'est par lui que le ministre anglais, le sieur Porter, contrecarre le sieur de Vergennes. Je crois que M. Rouillé voudra en faire avertir celui-ci, afin qu'il se défie absolument du Reïs-Effendi, et que lui, le sieur de Rouillé, m'en garde, au reste, le secret de cette ouverture, pour ne pas faire apparaître au moins qu'elle lui vient de ma part, afin de ne pas me ruiner mon canal d'où je l'ai eue.

Au surplus, tâchez de vous instruire du mieux sur tous les points des instructions qu'on donnera au duc de Nivernois,291-2 afin de me prévenir et me préparer là-dessus, avant qu'il nous arrive; vous me rendrez par là un service d'importance.

Federic.

Nach dem Concept.



290-6 In der Vorlage verschrieben: août.

290-7 Bericht Michell's, London 22. August.

290-8 9Juli 1755.

290-9 Vergl. S. 269.

291-1 Vergl. Nr. 6970.

291-2 Vergl. S. 281.