7073. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

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Knyphausen berichtet, Paris 24. October, über den Inhalt der Instructionen, welche der Herzog von Nivernois für seine Mission nach Berlin erhalten werde.371-3 Die Hauptpunkte seines Anbringens werden sein :

1) Darlegung des französischen Plans, England in Amerika zum Frieden zu zwingen, unter Entwicklung der Gründe, die gegen die Ausdehnung des Krieges auf Europa sprechen: die erfahrungsmässige Unempfindlichkeit Englands gegen französische Waffenerfolge in Flandern; die Bedenken gegen eine Zersplitterung der finanziellen Hülfsmittel durch einen gleichzeitigen Krieg zu Wasser und zu Lande; die Nothwendigkeit des Widerstandes zur See bei dem offen zu Tage tretenden Streben Englands nach der Herrschaft der Meere; die Besorgniss, wegen des rein defensiven Charakters sämmtlicher Allianzen Frankreichs bei den Bundesgenossen keine Unterstützung zu finden.

2) Mittheilung von der Absicht Frankreichs, für den Fall eines ungünstigen Verlaufes des Krieges in Amerika oder für den Fall eines ungünstigen Ausganges des Seekrieges die Garanten des Aachener Friedens anzurufen.371-4 „C'esta-dire que, comme elle prévoit que cette

Potsdam, 8 novembre 1755.

J'ai reçu l'ordinaire dernier les rapports que vous m'avez faits du 24 et du 27 d'octobre passé, et vous sais parfaitement gré de toutes les choses instructives que vous y avez comprises.

Cependant, comme tout ce que vous me marquez, n'est rien autre qu'une relation de ce qui se passe présentement en France, et que cela ne me mène pas assez au but où je vise pour avoir une connaissance parfaite des affaires de la cour de France et des ressorts qui la font agir aussi peu conséquemment et avec tant de mollesse qu'elle le fait présentement,371-5 je veux que vous deviez encore m'expliquer, tout naturellement et sans me déguiser quelque chose, tout comme je vous l'ai déjà ordonné, les véritables raisons par où le ministère de France agit de la sorte, si c'est par imbécillité, par peu de con-

démarche ne produira aucun effet, elle veut l'entreprendre dans un des deux cas susmentionnés, uniquement afin d'avoir un prétexte pour commencer une guerre de terre et entamer les alliés de l'Angleterre. Toute cette branche des instructions du duc de Nivernois regarde principalement Votre Majesté, car la précédente n'a qu'un rapport très indirect avec Ses intérêts. Ce ministre est donc chargé de requérir Votre Majesté de S'expliquer sur l'emploi qu'Elle voudrait que la France fît en pareil cas de ses alliés en Allemagne,372-1 et de Lui communiquer les engagements qui subsistent entre eux et la France. Il doit en même temps sonder Votre Majesté sur les diversions qu'Elle serait disposée à faire en faveur de la France en Allemagne, soit conjointement avec les armées de la France ou bien avec le secours de ses alliés, au cas qu'on fût obligé d'en venir à une guerre de terre. Comme on veut s'en rapporter entièrement à Elle sur ce point et se conformer à Ses idées, on a cru qu'il serait superflu de Lui communiquer des plans d'opération relativement à l'Allemagne, et les ordres du duc de Nivernois se bornent à rendre compte de la manière dont Elle S'expliquera sur cette demande, et de Lui exposer les moyens dont la France a déjà fait et compte encore de faire usage, afin de mettre Votre Majesté hors de toute atteinte de la part de la Russie, qu'on regarde comme la puissance qu'Elle aurait le plus à craindre,372-2 si Elle Se déclarait en faveur de la France et qu'Elle attaquât l'électoral d'Hanovre; car c'est là la diversion à laquelle on voudrait déterminer Votre Majesté.“372-3 Als Mittel zur Fernhaltung Russlands betrachtet man in Frankreich: Eine Erklärung der Pforte372-4 und türkische Truppenansammlungen an der russischen Grenze, eine maritime Union zwischen Schweden und Dänemark372-5 und Entsendung einer schwedisch-dänischen Flotte in die Ostsee; behufs Verhinderung russischer Truppendurchzüge372-6 eine Conföderation in Polen, für deren Bildung aber bisher nichts geschehen ist; einen Bund deutscher Fürsten auf Grund gegenseitiger Gewährleistung

naissance des affaires, par intrigues ou par quelques autres motifs.

Vous m'avez autrefois marqué que Madame de Pompadour ne voulait point la guerre,372-7 marquezmoi à présent de manière que je sache où j'en suis, si elle fait effectivement, à l'heure qu'il est, le premier ministre et influe dans les affaires étrangères, et si elle veut encore éloigner la guerre ou non, et que c'est qu'elle sent des insultes sans exemple dont l'Angleterre accable presque la France.372-8

Marquez-moi, d'ailleurs, si les ministres de France ne s'éveillent pas, au moins, pour ainsi dire, par intervalles, de leur léthargie et s'ils ne pensent pas quelques fois au moins raisonnablement sur la dignité de la couronne de France.

Outre cela, je prétends que vous m'expliquiez naturellement la façon dont le Roi pense à l'occasion de ces désastres et ces affronts qui lui arrivent, et la triste situation où ses affaires se trouvent, s'il ne le sent pas et s'il n'en est pas honteux.

Ajoutez-y encore ce que le prince de Conty, le maréchal de Belle-Isle et ce qu'il y a d'ailleurs de gens raisonnables de la nation, en pensent. Voilà les grands objets sur lesquels vous devez prendre à tâche de me satisfaire présentement et m'en faire un tableau bien fidèle.

En attendant, j'ai été bien aise d'avoir été instruit par vous des points de l'instruction qu'on va donner au duc de Nivernois, qui

des Besitzstandes. Comme on veut suivre en ce point, ainsi que relativement aux trois autres, les idées de Votre Majesté, cette dernière pensée n'est qu'ébauchée, et on ne s'est pas encore décidé sur la forme qu'il conviendra de donner à un pareil engagement, qui pourrait consister ou dans une ligue générale ou bien en des associations des Cercles où les alliés de la France se trouvent renfermés.“

Der Herzog von Nivernois soll weiter dem Könige auseinandersetzen, dass man nicht ohne Entgelt seine Unterstützung in Anspruch nehmen wolle. „Je sais qu'on a pensé ici qu'on pourrait Lui offrir pour cet effet la garantie de la principauté d'Ostfrise, qui est contestée à Votre Majesté par l'électeur d'Hanovre, 373-1 Il m'a été assuré aussi qu'on a proposé dans le Conseil d'offrir à Votre Majesté la propriété des îles de Tabago, Saint-Vincent ou Sainte-Lucie, qui sont réputées neutres … Comme ces îles sont très propres à la culture de l'indigo, du tabac, du sucre et du coton, on a non seulement observé que Votre Majesté, en les peuplant et en les faisant cultiver, en retirerait de grands avantages relativement à Son commerce, mais on a remarqué aussi que la France y trouverait son intérêt, vu que ce serait un poids de plus contre l'Angleterre dans la balance de l'Amérique, où toutes les puissances inférieures par leur commerce à la Grande-Bretagne ont intérêt de se réunir avec la France. Mais il n'est point fait mention dans les instructions du duc de Nivernois ni de l'une ni de l'autre de ces propositions, et elles ne renferment que des ordres vagues par lesquels il lui est enjoint de sonder Votre Majesté sur ce qu'Elle pourrait désirer sur ce sujet.“

Des weiteren werde Nivernois eine eingehende Darlegung der militärischen und finanziellen Hülfsmittel Frankreichs geben und die zur Zeit noch nicht festgestellten Entwürfe Belle-Isle's für eine Invasion der Niederlande mittheilen. „Le ministère assure être déterminé à ne point permettre que la reine de Hongrie fasse aucunes dispositions en Flandre, dans le moment présent, qui puissent empêcher la France à faire la guerre dans les Pays-

quelque vague, quelque misérable qu'elle soit, m'indique au moins où ces gens-là en veulent.

Du reste, je ne veux point vous dissimuler, quoique je ne le dise que pour votre direction seule, que j'ai parlé à des gens qui ont passé depuis peu la Provence et qui m'ont fait une description la plus triste de l'état déplorable où se trouvent ces provinces : à Toulon huit vaisseaux de guerre manquant de bien des choses et six vaisseaux auxquels on y travaille encore, outre quelques vaisseaux pourris et dont on ne peut plus se servir; dans les provinces, le peuple accablé et ruiné par les fermiers, les troupes dans le plus piteux état, le soldat affamé et habillé en gueux, l'officier mal payé et au désespoir et, quant aux recrues, des garçons de douze ou quinze ans, enfin tout dans la dernière désolation, sans qu'on songe à y remédier. Voilà le portrait hideux que des gens raisonnables et point partials m'ont fait.373-2

Federic.

Bas avec les succès auxquels elle doit naturellement s'attendre, si les choses restent dans l'état où elles sont actuellement … [Le duc] n'entrera dans aucun détail avec Votre Majesté relativement aux affaires d'Italie, parcequ'on espère ici d'y maintenir la paix.“

3) „Je passe donc à la troisième et dernière branche des instructions du duc de Nivernois, laquelle est de proposer à Votre Majesté le renouvellement du traité conclu entre Elle et la France pour l'espace de 15 ans au mois de juin l'année 1741.374-1 On laissera au bon plaisir de Votre Majesté de renouveler ce traité purement et simplement, ou bien de l'ajuster aux conjonctures présentes et aux engagements qu'Elle jugera à propos de prendre. Aussi n'a-t-on rien prescrit de positif à cet égard au duc de Nivernois. …J'ajouterai seulement que l'intention du ministère de France a été pendant un temps de tâcher de fondre en un seul et même traité ceux qui subsistent entre sa cour, Votre Majesté, le Danemark et la Suède,374-2 afin d'en faire une quadruple alliance. Mais, comme la cour de Copenhague a montré peu de disposition jusqu'à présent à vouloir prendre des engagements avec Votre Majesté,374-3 on parait avoir renoncé à cette idée.

Indépendamment des trois articles que je viens d'exposer et qui forment le canevas des instructions du duc de Nivernois, je sais de bon lieu qu'il a ordre de ne rien épargner pour se procurer des notions sûres et précises sur les propositions que l'on soupçonne le roi d'Angleterre d'avoir fait faire à Votre Majesté dans la conjoncture présente,374-4 ainsi que sur la manière dont elles ont été accueillies, et sur les dispositions où Votre Majesté Se trouve actuellement relativement à ce Prince. Il doit aussi tâcher de déterminer Votre Majesté à donner Son approbation au traité de subsides qu'on voudrait faire ici avec la Saxe,374-5 et La prier de S'expliquer sur les autres alliances qu'Elle pourrait désirer que la France contractât en Allemagne.“

 

Nach dem Concept.

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371-3 Vergl. S. 358.

371-4 Vergl. S. 241.

371-5 Vergl. S. 360.

372-1 Vergl. S. 185.

372-2 Vergl. S. 244.

372-3 Vergl. S. 148.

372-4 Vergl. S. 324.

372-5 Vergl. S. 339.

372-6 Vergl. S. 282.

372-7 Vergl. S. 168.

372-8 Vergl. S. 343.

373-1 Vergl. S. 335. -

373-2 Vergl. Bd. X, 501.

374-1 Vergl. S. 170. 337.

374-2 Vergl. S. 343.

374-3 Vergl. S. 223.

374-4 Vergl. S. 246. 272. 331.

374-5 Vergl. S. 370.