7090. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Potsdam, 22 novembre 1755.

J'ai reçu votre rapport du 10 de ce mois. Quant à la malheureuse défaite du général Dieskau,387-7 vous devez me marquer avec cette fidélité que j'attends de vous, quoique cela uniquement à moi seul immédiatement, si toutes ces nouvelles accablantes pour la France ne font pas l'effet sur le Roi pour qu'il ouvre les yeux sur la mauvaise administration de ses affaires et qu'il soupçonne au moins qu'elles vont mal et de mal en pis.

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Il y a deux fois que je vous ai déjà ordonné par mes dépêches antérieures de me [rendre] un compte fidèle par rapport à Madame de Pompadour388-1 et sur les vraies raisons de ce que les affaires sont à présent si mal gouvernées en France, soit par corruption soit par quelque autre raison; car je vous le répète, il faut absolument qu'il y en [ait] une que j'ignore encore, et qui pourtant tienne les ministres dans cette léthargie que jusqu'à présent, et ne leur permet pas d'agir comme ils voudraient, vu que ce que nous en avons vu jusqu'ici, surpasse toute l'imagination.388-2 J'espère que vous ne me laisserez pas longtemps languir après ce rapport que je vous ai demandé, et que vous me le ferez sans réserve et avec la dernière exactitude, en le chiffrant cependant du mieux, pour n'avoir rien à risquer chemin faisant.

Comme rarement une mauvaise nouvelle arrive seule, je viens d'apprendre388-3 de la manière la plus authentique que le traité de subsides entre l'Angleterre et la Russie, négocié jusqu'ici par le chevalier de Williams à Pétersbourg, vient d'être conclu et signé pour un corps de troupes de 60 à 70,000 hommes que la Russie tiendra prêts à la disposition du roi d'Angleterre aux frontières de la Livonie; que ce traité a été apporté par un courrier, arrivé à Londres le 27 d'octobre dernier, aux ministres anglais, qui en ont été très satisfaits et ne songent à présent qu'à le faire approuver du Parlement. L'on m'a marqué, d'ailleurs, que les troupes russiennes se mettent effectivement en marche pour s'arranger en sorte qu'elles se puissent rassembler en très peu de temps aux frontières de la Livonie, et que la Reine-Impératrice a envoyé d'abord, après avoir eu la nouvelle de la signature du traité, son général major de Lacy pour rester auprès de ces troupes : particularités que vous pouvez bien communiquer toutes à M. de Rouillé.

Federic.

Nach dem Concept.



387-7 Vergl. S. 376.

388-1 Vergl. S. 347. 360. 372. 388.

388-2 Vergl. S. 375.

388-3 Vergl. Nr. 7089.