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7297. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Klinggräffen berichtet, Wien 14. Februar, dass die Kaiserin auf die Mit- theilung der Westminsterconvention dem englischen Gesandten durch Kaunitz habe antworten lassen: „Qu'elle priait le sieur Keith de remercier Sa Majesté Britannique de la communication de ce traité conclu avec Votre Majesté, qu'elle l'en félicitait, souhaitant qu'il tournât à l'a-- vantage réciproque … Le sieur Keith pense comme moi que la France et cette cour-ci ont des projets de se lier,1 et, ce qui le confirme dans cette idée, qui lui paraît d'ailleurs extravagante, c'est l'opiniâtreté du comte Kaunitz, capable de faire passer sa maîtresse par tout. Le sieur Keith le connaît pour un homme très capable, mais trop prévenu de sa façon de penser … D'autres personnes, souvent assez au fait de ce qui se passe, pensent que le traité en question pourrait en peu être suivi d'un autre, savoir avec la France, et que, dans ce cas, rien n'empêcherait cette dernière d'envoyer des troupes à Hanovre.“

[Potsdam, 24 février 1756.]2

J'ai reçu votre rapport du 14 de ce mois. Je vois bien, par ce que vous me marquez au sujet de la conduite que la cour où vous êtes va tenir après ma convention faite avec l'Angleterre, qu'elle s'observe trop et qu'elle a encore le masque sur le nez, pour qu'on n'en sache aisément découvrir sa vraie façon de penser et ce qu'elle en médite.

Cependant, puisque le sieur Keith est depuis longtemps en possession de bons canaux et de bonnes connaissances qu'il a faites à Vienne, et que d'ailleurs l'on s'y défie moins de lui que de vous, je crois qu'en employant vos soins et votre savoir-faire, vous trouverez le moyen de pénétrer par son canal, sans trop de difficultés, la véritable façon dont la susdite cour pense sur la conjoncture présente, d'autant qu'il importe à sa cour, aussi bien qu'à moi, d'en être bien instruit.

Du reste, je suis bien fâché de vous mander que, selon de bonnes lettres que j'ai eues,3 ledit sieur de Keith va être bientôt rappelé par sa cour, pour des soupçons qu'on a pris à son égard qu'il penche trop pour la cour de Vienne, de sorte qu'il sera relevé par un autre ministre. Vous observerez que ce n'est que pour votre direction seule que je vous communique cet avertissement, dont vous ne laisserez rien apercevoir au sieur Keith, avant qu'il ne vous en parle le premier.

En faisant des réflexions sur les chipotages qui pourraient être ourdis entre les cours de Vienne et de Versailles, il ne me paraît pas encore probable que la dernière voudrait effectivement prendre des liaisons avec celle de Vienne; il s'y peut agir de complaisances réciproques à obtenir entre les deux cours, l'une de l'autre; peut-être encore que celle de Vienne prend à tâche d'aigrir la France contre moi, mais, indépendamment que la cour de Versailles [agirait] contre ses intérêts permanents, qui sont peu conciliables avec ceux de Vienne, j'ai



1 Vergl. S. 127. 128.

2 Das Datum ergiebt die Antwort Klinggräffen's, Wien 3. März.

3 Bericht Michell's, London 13. Februar. Vergl. S. 142.