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7317. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Knyphausen berichtet, Paris 20. Februar: „Il est certain … que, dans la disposition où est Votre Majesté de désabuser le Roi sur les soupçons que peut lui avoir inspirés la démarche qu'Elle vient de faire, Elle ne saurait mieux faire que de S'adresser pour cet effet à Madame de Pompadour,1 qui conserve non seulement toujours le même crédit qu'elle a eu jusqu'à présent sur l'esprit de ce Prince, mais qui parait même en acquérir tous les jours davantage. Toutes les marques de bonté et d'attention qu'elle recevra de la part de Votre Majesté, la natteront non seulement extrêmement, mais seront aussi fort agréables au Roi et le préviendront certainement beaucoup en faveur de tout ce qu'Elle pourra avoir à lui proposer.“

Knyphausen berichtet, Paris 22. Februar: „M. Rouillé m'a fait appeler le soir [17 février] dans son cabinet et m'a parlé très longtemps de son chef, après m'avoir assuré cependant que ce n'était point ministériellement, mais par l'effet de la confiance qu'il avait en moi, sur le renouvellement du traité d'alliance défensive, conclu entre Votre Majesté et la France l'année 1741.2 Il m'a témoigné dans cet entretien, dans les termes les plus amiables et les plus honnêtes, combien sa cour désirait de pouvoir profiter de la disposition dans laquelle Votre Majesté Se trouverait pour renouveler l'alliance, et combien on avait envie de perpétuer l'union qui avait subsisté jusqu'à présent entre Elle et la France; mais qu'en même temps il ne pouvait me dissimuler qu'à en juger par la teneur de la convention de neutralité que Votre Majesté avait conclue avec l'Angleterre, telle qu'Elle l'avait communiquée Elle-même au duc de Nivernois, le renouvellement du susdit traité lui paraissait incompatible avec les engagements qu'Elle venait de prendre. Qu'après avoir lu et étudié cette convention avec le plus grand soin, différentes observations s'étaient présentées à son esprit, dont il n'avait pas voulu manquer de me faire part, quoiqu'il eût déjà chargé M. de Nivernois de demander des éclaircissements, à ce sujet, à Votre Majesté.3 Il fit ensuite l'analyse de cette pièce et commença par me dire que l'introduction et le premier article4 ne renfermaient rien qui méritât d'être relevé, ou au moins qui fût relatif à la question de la compatibilité du traité de l'année 1741, conclu entre Votre Majesté et la France, avec la convention de neutralité passée entre Elle et la Grande-Bretagne. Qu'il passerait également sous silence l'article de cette convention par lequel Votre Majesté avait stipulé la non-introduction de tontes troupes étrangères dans l'Empire;5 qu'il ne s'arrêterait pas non plus à me faire un nouvel exposé des différents inconvénients qui ne sauraient pas manquer de résulter d'un pareil engagement an détriment de sa cour, d'autant plus qu'il avait déjà amplement traité cette matière dans d'autres entretiens;6 mais que, quant au troisième article, par lequel Votre Majesté avait stipulé le renouvellement de différents traités conclus ci-devant entre Elle et l'Angleterre, et dont les dates s'y trouvaient énoncées, il ne saurait s'empêcher de me faire observer que la réintégration du traité de Westminster, signé le 18 de novembre de l'année 1742, paraissait être incompatible dans la conjoncture présente avec le traité d'alliance défensive conclu entre Votre Majesté et la France l'an 1741 et qu'Elle désirait de remettre en vigueur; que, par le troisième article du traité de Westminster,7 Votre Majesté avait garanti au roi de la Grande-Bretagne toutes ses possessions en Europe; que, par le cinquième article du même traité Elle s'était engagée en outre à défendre les États de ce Prince contre tous ceux qui voudraient les attaquer hostilement, et à fournir en pareil cas au roi de la Grande-Bretagne, aussitôt qu'on Lui en ferait la réquisition, un corps auxiliaire de 2,000 hommes de cavalerie et de 8,000 fantassins; que, par le sixième article, Elle avait même promis de déclarer la guerre à l'agresseur, si le cas le requerrait, et d'assister la Grande-



1 Vergl. S. 98. 148.

2 Vergl. S. 118; Bd. I, 257 Anm. 1.

3 Vergl. S. 132. 133.

4 Vergl. Nr. 7175 C. S. 15.

5 Artikel 2. Vergl. S. 16.

6 Vergl. Nr. 7275.

7 Vergl. Wenck, codex iuris gentium I, 642.