<191> que votre savoir-faire y suppléera. En attendant, j'ai tout lieu de présumer que la Reine-Impératrice ne voudra pas lier son parti, avant que d'en avoir pressenti la Russie et d'en être entièrement assurée, et voilà un point qui n'est aussi aisé qu'on se le représente. Mais, supposé pour un moment que tout prendrait consistance, j'ai de la peine à m'imaginer qu'on voudrait se déterminer d'entreprendre quelque chose avant le mois d'août; sur quoi, je serais bien aise que vous m'expliquiez votre sentiment. Du reste, la faiblesse et la pusillanimité des ministres français ne me sont que trop connues; il faut songer cependant que, pourvu qu'ils se laissent emparer par des gens tels que les Autrichiens, ils sauraient bien prendre plus de hauteur.

La nouvelle que vous m'avez marquée par votre dépêche précédente par rapport à un corps considérable de troupes qu'on voudrait assembler dans la Flandre française,1 mérite encore votre attention pour m'apprendre si cette nouvelle se soutient, et il m'est tombé dans l'esprit si, supposé que cet avis se vérifie, on n'a pas de vues pour attaquer directement les Hollandais dans leur propre pays, après être convenu avec la reine de Hongrie du libre passage par les Pays-Bas pour y aller. Quoique tel projet serait aussi ridicule que les autres, on ne saurait cependant pas savoir ce qu'un entêtement peut produire.

Au reste, qu'il vous serve toujours de direction que, plus le ministère de France trouvera mal ma convention de neutralité faite, plus ce sera la marque qu'il se rapproche avec les Autrichiens; cependant, c'est une vérité constante, dont chaque homme raisonnable conviendra, que ma convention n'est pas offensante à qui que ce soit; sur quoi les ministres de France sont convenus eux-mêmes, quand ils vous ont déclaré que la France aurait donné les mains à une neutralité de l'Allemagne, pourvu que j'en aurais fait communication.2 est-ce donc à présent un crime et un sujet pour changer de système et de tout bouleverser? Mais ce que j'en dois juger, c'est que depuis longtemps déjà il y a eu des chipoteries secrètes entre les deux cours pour se rapprocher, quoiqu'il n'en ait été rien de conclu, comme le duc de Nivernois ne l'a pas désavoué lui-même.3

Federic.

Nach dem Concept.


7350. AU SECRÉTAIRE BENOÎT A VARSOVIE.

Benoît berichtet, Warschau3. März: non ne discontinue pas de débiter ici, comme partout ailleurs, des nouvelles qui ne sont tout au plus fondées que sur les rêveries des gazetiers, tel qu'est le projet d'une contre-alliance entre la reine de Hon-

Potsdam, 13 mars 1756.

J'ai été très satisfait de la manière dont vous vous êtes pris pour insinuer aux bien intentionnés ce que je vous avais ordonné par



1 Vergl. S. 179.

2 Vergl. S. 106. 121.

3 Vergl. S. 179.