<205> Romains. J'avoue cependant que, malgré cela et malgré tous les ressorts que la cour de Vienne fait jouer pour s'accrocher avec la France, j'ai toute la peine à croire que les Autrichiens parviendront à conclure effectivement avec la France, parcequ'une telle affaire est compliquée de tant de contradictions qu'il n'est pas aisé à voir comment elle saurait réussir.

Quand, d'ailleurs, j'apprends par votre rapport que les ministres anglais ne sont pas tout-à-fait sortis de leur inquiétude sur les dispositions des cours de Suède et de Danemark, vous direz à eux que l'évènement et ce qui en arriverait en effet, convaincrait le ministère anglais que je leur en avais annoncé la vérité et qu'il n'y avait aucun dessous dans cet armement desdites cours, ni point d'autre intention que celle que j'avais dite à ces ministres.

Du reste, vous observerez scrupuleusement l'occasion convenable où vous saurez sonder adroitement ces ministres s'il ne conviendrait pas de rétablir entre la Russie et moi une bonne intelligence ou du moins passable, vu qu'il paraissait malséant que des puissances qui avaient présentement la satisfaction d'être dans les mêmes engagements avec l'Angleterre, fussent encore différentes entre elles-mêmes. Vous observerez cependant en ceci qu'il faut que vous vous y preniez bien délicatement pour sonder les ministres à ce sujet, et que vous alliez bien doucement pour leur hasarder la proposition.

Federic.

P. S.

Vous donnerez des copies très exactes de deux pièces aux ministres, en gardant celles que je vous envoie, pour votre usage ultérieur.

Réponse de Sa Majesté Très Chrétienne à Sa Majesté Prussienne.

Le Roi a été très sensible à la communication que le roi de Prusse a bien voulu lui donner d'une copie de la lettre du 12 du mois de février dernier, écrite à Sa Majesté Prussienne par Son ministre à Londres, et du mémoire contenant la réponse du roi d'Angleterre1 au sujet des ouvertures faites à ce Prince par ordre du roi de Prusse, dans la vue de contribuer à une conciliation amiable des différends qui subsistent entre Sa Majesté et Sa Majesté Britannique.

Le Roi rend trop de justice aux lumières et à l'équité de Sa Majesté Prussienne pour ne pas accepter avec satisfaction les bons offices qu'Elle lui offre et qu'Elle a déjà commencé à employer relativement a un ouvrage si salutaire.

Si la cour britannique a fait part au roi de Prusse de toute la négociation qui a été suivie à Londres pendant le dernier séjour de M. le




1 Vergl. Nr. 7303 S. 146.