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Lettre de M. de Rouillé à M. le baron de Knyphausen.

Le 13 mars 1756.

Monsieur le baron de Knyphausen trouvera ci-joint la réponse du Roi au mémoire que le roi d'Angleterre a fait remettre à Sa Majesté Prussienne sur les ouvertures qu'elle a bien voulu lui faire pour parvenir à la pacification des troubles actuels. M. Rouillé le prie de vouloir bien l'envoyer à Sa Majesté Prusienne. Le Roi espère qu'Elle y reconnaîtra la suite des sentiments de justice et de modération qui ont jusqu'à présent dirigé sa conduite, et qu'Elle voudra bien en faire auprès de Sa Majesté Britannique l'usage qu'Elle croira le plus convenable au but salutaire qu'Elle Se propose. M. Rouillé dépêchera demain dans la matinée un courrier à M. le duc de Nivernois, et si M. de Knyphausen veut le charger de ses paquets pour sa cour, M. Rouillé diffèrera son départ, jusqu'à ce qu'il les ait reçus, étant fort aise de profiter de toutes les occasions de marquer ses égards et son attention au ministre du roi de Prusse et à la personne de M. de Knyphausen en particulier.


Nach dem Concept. Die Beilagen nach den von Knyphausen eingesandten Ausfertigungen.


7365. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 20 mars 1756.

J'ai reçu votre rapport du 10 de ce mois. Ayant appris des particularités bien intéressantes du chipotage secret qui a subsisté jusqu'à présent entre les cours de Versailles et de Vienne,1 je veux bien vous en faire part, quoique absolument pour votre direction seule et afin de vous mettre sur la voie de pénétrer d'autant mieux dans les vues de la cour où vous êtes.

C'est elle, en conséquence de mes avis, qui a donné les premières notions à la France de la convention que j'avais arrêtée avec l'Angleterre, et qui, en haine de cette démarche, a fait toutes les mauvaises insinuations possibles à la cour de France sur ce sujet, tout comme le comte de Kaunitz l'a fait envers le marquis d'Aubeterre pour le gagner. Les motifs qu'elle a employés pour éblouir la France, ont été que, par l'alliance prétendue que j'avais faite avec l'Angleterre, je n'avais plus rien à craindre du côté de la Russie, et que, par conséquent, je profiterais de la première conjoncture favorable qui se trouverait pour tourner mes armes contre l'Empire et travailler à mon plan d'agrandissement que j'avais conçu de longtemps; que, l'Europe étant menacée d'une guerre générale, il ne saurait manquer qu'au moyen des sûretés que j'avais su me ménager par ma convention de neutralité, je ne susse trouver un moment favorable d'accomplir mes desseins et que la France



1 Bericht Knyphausen's, Paris 8. März. Vergl. Nr. 7366.