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les deux cours de Versailles et de Vienne s'allient étroitement ensemble, car alors il faudrait bien songer à des liaisons à prendre avec les Puissances maritimes.

Voilà donc ce qui vous servira d'instruction secrète sur ce point; en attendant vous vous tiendrez clos et boutonné sur toute proposition qui, au lieu qu'elle pourrait me servir de soulagement, ne laisserait pas que d'augmenter mes embarras.

Pour ce qui regarde le sieur de Yorke, vous devez lui insinuer comme de votre propre chef, quand l'occasion s'y offrira convenablement, que la cour de Vienne n'était pas aussi piquée de la perte de la Silésie, qu'elle l'était actuellement de la convention de neutralité de l'Allemagne, vu qu'elle avait été arrêtée par deux électeurs de l'Empire sans l'aveu de l'Empereur,1 dont elle croyait l'autorité et le pouvoir blessés par là, et que c'était proprement ce qui avait tant aigri ladite cour contre l'Angleterre.

Au reste, j'accuse la bonne réception du rapport que vous m'avez fait du 16 de ce mois.

Federic.

Nach dem Concept.


7373. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Klinggräffen berichtet, Wien 13. März: „Quoique les rapports qui me reviennent assez régulièrement sur les arrangements militaires,2 continuent à n'être plus si pressants qu'ils l'ont été il y a quelque temps, et qu'en général on ne parle plus de campements considérables, ni d'amasser de gros magasins, mais qu'on veut ne faire camper les troupes qu'en petits camps de deux, trois ou quatre régiments pour l'exercice dans leurs différents numéros : cependant, comme les arrangements sont tels que je l'ai marqué plusieurs fois, que tout est à la main pour assembler de gros corps et de les pourvoir de tout le nécessaire, il ne faut trop s'y fier.“

Potsdam, 23 mars 1756.

La dépêche que vous m'avez faite du 13 de ce mois, m'a été bien rendue, sur laquelle je suis bien aise de vous dire que les Français commencent à présent d'ouvrir les yeux sur leurs véritables intérêts, et, quoiqu'il puisse arriver qu'ils se laissent entraîner à faire avec la cour de Vienne quelque traité d'amitié et d'y promettre quelques avantages, comme la condescendance à l'élection de l'Archiduc à la qualité de roi des Romains, peut-être encore la neutralité de l'Italie et des Pays-Bas — quoique j'estime que ce serait plutôt celle de l'Italie que des Pays-Bas — je suis cependant persuadé que jamais la France ne prendra des engagements offensifs contre moi, et que, du reste, ladite cour ne retirera pas de grands avantages d'un pareil traité; ainsi que tout ce que cette cour gagnera de ses soins, sera qu'elle aura fait beaucoup de



1 Vergl. S. 128.

2 Vergl. S. 165. 166.