<222>sailles et de Vienne allaient grand train et que la dernière venait de proposer à la France, sous le prétexte éblouissant de faire cesser entièrement la rivalité qui avait subsisté entre les maisons de Bourbon et d'Autriche, d'échanger une partie des Pays-Bas frontières à la Flandre française contre les duchés de Parme et de Plaisance, dont à présent l'infant Don Philippe est en possession, et de traiter cette négociation sous les auspices de la cour de Versailles, à quoi les Autrichiens, pour mieux cacher leurs vastes vues, ont ajouté qu'un tel traité d'échange, pourvu qu'on y prendrait des arrangements définitifs pour la réversion du royaume de Naples, pacifierait l'Italie pour longtemps et conjurerait l'orage qui la menaçait au cas de mort du roi d'Espagne sans héritiers mâles, et que d'ailleurs ce projet, s'il avait lieu, formerait une séparation entre les possessions de la cour de Vienne et de la France dans les Pays-Bas et que, plus ces dernières seraient divisées, moins la France aurait à craindre pour la sûreté de ses frontières de ce côté-là. Mais ce qui m'a le plus surpris dans cet avis, c'est que l'on me marque que ladite idée avait été extrêmement goûtée à Versailles, quoiqu'on n'ait pas pu encore me dire si l'on avait déjà commencé là de travailler à l'exécution de ce projet, dont on a fait jusqu'ici un secret à l'ambassadeur d'Espagne,1 apparemment dans l'intention de ménager une pareille négociation immédiatement avec sa cour.

Mon intention sur ceci est donc que vous devez vous ménager une occasion favorable pour vous entretenir avec le ministre des Deux-Siciles à Dresde, le duc de Sainte-Elisabeth, et qu'après avoir pris vos sûretés, pour que le secret vous soit religieusement observé, lui faire confiance de l'affaire susdite, en lui protestant que c'était purement par un motif d'amitié pour le Roi son maître que je l'en faisais avertir, afin qu'il saurait prendre ses mesures là-dessus, surtout à la cour de Madrid, pour prévenir tout préjudice à ses intérêts personnels.

Vous prierez en même temps cet ambassadeur de vouloir bien agir intimement avec vous dans ce qui regardait cette affaire, et de vous communiquer à son tour confidemment tout ce qu'il apprendrait audit sujet.

Federic.

Nach dem Concept.


7380. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 27 mars 1756.

J'ai reçu les dépêches que vous m'avez faites du 17 de ce mois.2 Je prétends d'abord que vous preniez la peine de déchiffrer seul et vous même tout ce qui suit dans celle-ci pour votre unique direction.



1 Soto-Mayor.

2 Ueber den Inhalt vergl. auch Nr. 7381.