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7437. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Michell berichtet, London 9. April: „Le comte de Holdernesse m'a dicté ce matin ce qui suit, en réplique de la réponse de la France que je lui avais remise, et de ce que j'avais eu ordre d'y ajouter de la part de Votre Majesté  :1

« La cour britannique a examiné avec attention la réponse que la cour de France a rendue à Sa Majesté Prussienne, au mémoire transmis à Berlin concernant les moyens d'accommoder les différends qui subsistent avec la cour de France en Amérique. Cette réponse allègue que la cour de France a déjà offert à celle de la Grande-Bretagne des avantages dans l'Amérique septentrionale. La cour britannique ignore qu'on ait proposé de tels avantages, à moins que par là on n'entende l'offre de remettre les choses dans ce pays-là sur le pied où elles étaient ou devaient être suivant le traité d'Utrecht; mais, en faisant cette offre, la France a donné audit traité une explication qui en détruit entièrement le véritable sens. Afin donc d'amener les choses à un éclaircissement et d'empêcher que des expressions vagues et spécieuses ne fassent prendre le change à d'autres puissances, la cour britannique propose que Sa Majesté le roi de Prusse veuille bien demander à la cour de France une déclaration spécifique, quels sont les avantages qu'elle accorderait à la Grande-Bretagne, et en quels points particuliers la France se porterait à se départir des termes de son projet. C'est ce que la cour britannique se croit en droit d'exiger, puisque dans le papier envoyé à Berlin2 elle a spécifié expressément des particularités en quoi elle veut se départir de son contre-projet. Au reste, la cour britannique tombe d'accord avec Sa Majesté Prussienne que l'ajustement des disputes en Amérique est le point principal auquel on doit avoir égard, et l'on est bien aise de voir le sentiment de Sa Majesté Prussienne, que, moyennant le rétablissement des affaires en Amérique, les puissances amies pourraient trouver moyen d'accorder les deux cours sur les vaisseaux français qui ont été détenus. »

Le lord Holdernesse m'a remis ensuite le papier ci-joint, qui est un précis des avis qu'ils ont reçu de bonne part et de divers endroits, touchant le dessein où l'on croyait que la France était de menacer l'Allemagne d'une invasion, soumettant le tout à la considération de Votre Majesté et en me déclarant que Sa Majesté Britannique était déjà prête de se concerter avec Elle pour tâcher de faire avorter un pareil dessein, et que même elle était disposée pour cet effet, si Votre Majesté le jugeait à propos, de Lui envoyer le général de Zastrow, qui, ayant des terres sur les États de Votre Majesté, pourrait se rendre auprès d'Elle, sans que personne s'en aperçût … Le sieur Mitchell, qui partira sans faute d'ici mardi prochain,3 sera pleinement instruit des sentiments de Sa Majesté Britannique à ce sujet et sera autorisé à répondre à tout ce que Votre Majesté jugera à propos de lui proposer pour parer un pareil orage, en cas qu'il vînt à s'élever … Les ministres de cette cour m'ont aussi fait connaître qu'ils étaient très satisfaits des explications que je leur avais données touchant les faux bruits qui leur étaient parvenus que Votre Majesté cherchait à renouveler Ses liaisons avec la France, depuis Sa signature de la convention de neutralité pour l'Allemagne avec l'Angleterre;4 ils approuvent fort que Votre Majesté ne rompe pas en visière sans nécessité avec les Français, mais, malgré cela, ils seraient bien aises de savoir comment Elle envisagerait la réussite d'une invasion dans ce royaume-ci, dont les Français paraissent toujours le menacer;5 ils croient que, si Votre Majesté faisait faire quelque insinnation en France là-dessus, cette puissance n'oserait jamais l'entreprendre; mais en même temps ils n'en requièrent pas Votre Majesté et seraient seulement charmés de savoir Ses sentiments là-dessus.“

Potsdam, 18 avril 1756.

J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 9 de ce mois.6 Je ne manquerai pas de communiquer incessamment aux ministres de



1 Vergl. Nr. 7364 S. 203.

2 Vergl. S. 142. 143.

3 13. April.

4 Vergl. S. 204.

5 Vergl. S. 242.

6 Die oben nicht gegebenen Punkte dieses Berichts erhellen aus Nr. 7438.