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7459. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION COMTE DE SOLMS A STOCKHOLM.

Potsdam, 27 avril 1756.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 13 de ce mois, et vous adresse ci-clos la réponse à la lettre que vous y aviez jointe, que vous rendrez à sa destination.1 Je suis d'ailleurs très fâché de la situation pénible où ma sœur se trouve,2 ses embarras me font une peine extrême, et j'avoue que les procédés dont use le Sénat envers elle, commencent à être trop irréguliers; aussi en ferai-je parler au ministre de Suède à ma cour d'une manière un peu énergique.3 En attendant, vous ne perdrez aucune occasion convenable pour inspirer des sentiments de modération à ma sœur, autant que la disposition où elle se trouve le permettra.

Federic.

Nach dem Concept.


7460. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Schreiben der Königin von Schweden „le 13 avril 1756“  : „Quelque douloureuse que soit la position où je me trouve, j'en ai senti augmenter l'amertume par les reproches que renferme votre lettre.4 Si j'ai à me faire des reproches, ce n'est assurément pas d'avoir négligé vos conseils. Vous vous rappellerez sans doute avec quel empressement je me suis prêtée à la démarche que vous exigeâtes de moi par rapport à un raccommodement avec l'ambassadeur de France,5 qui, au lieu de répondre à mes intentions et aux espérances qu'il me fit entrevoir, trahit la conversation et me rendit la victime de ma crédulité. La complaisance que j'eus d'entrer en vos vues en tâchant de gagner le sénateur Hœpken, ne fut pas moins infructueuse, puisqu'oubliant ses protestations de vouloir s'employer au bien général, il travailla avec zèle à la publication d'un libelle contre le Roi. Vous vous souviendrez encore du peu d'avantage que l'on a tiré du procédé généreux à l'égard du comte Tessin,6 qui, au lieu d'y être sensible, s'en est vengé d'une façon inouïe sur toutes les personnes attachées au Prince royal.7 Le mauvais état des affaires n'est donc ni un effet de mon indocilité, ni de la trop grande extension que le Roi a voulu donner à son pouvoir; satisfait de celui que les lois lui adjugent, il n'a cherché qu'à revendiquer les mêmes droits dont son prédécesseur a jouï sans interruption. Sa gloire et le bien de son royaume étaient des motifs assez puissants pour l'y engager, sans qu'il ait dû s'y laisser entraîner par des gens dont les efforts ont à la vérité manqué d'être utiles, mais dont l'intégrité ne saurait être suspecte. Les persécutions auxquelles ils se sont exposés gratuitement, garantissent de leur fidélité et du fond qu'on pourra toujours y faire. Si, pour les soutenir, j'avais eu 100,000 écus à ma disposition, tout m'aurait assuré un succès certain.8 Cette ressource m'ayant manqué, c'est à ce seul incident que je dois attribuer les malheurs qui m'environnent, et dont vous ne pourrez vous faire qu'une idée très imparfaite. Représentez-vous un beau-frère et une soeur qui vous sont attachés, dans l'oppression la plus cruelle, auxquels on refuse leurs droits, la disposition de leurs enfants, et jugez des égards qu'exige la bienséance. Figurezvous leurs droits en proie aux factions les plus violentes, le pouvoir absolu entre les“



1 Schreiben der Königin von Schweden vom 13. April, Erwiderung des Königs vom 27. April; vergl. Nr. 7460.

2 Vergl. Nr. 7461.

3 Vergl. Nr. 7457.

4 Vergl. Nr. 7390.

5 Vergl. S. 245.

6 Vergl. Bd. X, 257. 258.

7 Vergl. S. 211.

8 Vergl. S. 255.