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7486. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 11 mai 1756.

J'ai reçu les rapports que vous m'avez faits du 27 et du 30 d'avril passé. J'ai appris d'abord avec bien de la satisfaction que Sa Majesté Britannique a été contente du séjour du prince de Cassel à Berlin, et pour ce qui regarde l'envie qu'il continue de marquer pour entrer en mon service, je m'expliquerai là-dessus avec le sieur Mitchell, qui n'a fait que d'arriver depuis deux jours1 à Berlin, et que je n'ai pas vu encore, mais que je verrai aujourd'hui pour lui donner sa première audience. Comme le landgrave de Hesse-Cassel me presse fort pour agréer le Prince son fils en mon service, j'ai cependant suspendu ma résolution jusqu'à l'arrivée du sieur Mitchell, afin de savoir par lui s'il saura être agréable au Roi son maître que le susdit Prince prît des engagements ici. Au surplus, comme je vous ai déjà informé, par ma dépêche du 4 de ce mois,2 du tour que le général autrichien de Pretlack a pris pour engager le prince héréditaire de Hesse-Cassel dans le service autrichien, je veux bien y ajouter encore que le Landgrave s'est fortement plaint envers moi3 des mauvais procédés dont le susdit général Pretlack avait agi en cette occasion à son égard, en ce qu'il lui avait fait accroire qu'il envoyait son adjudant de Rall à Vienne, et que celuici, en partant de Cassel, avait même pris au commencement la route pour Vienne, mais que, chemin faisant, il s'en était détourné tout d'un coup pour aller à Berlin, [et que] lui, le général Pretlack, avait bien osé de faire dire par le ministre de la cour de Vienne à ma cour, le comte Puebla, au Prince héréditaire que son père le Landgrave était déjà d'accord avec lui, le général Pretlack, que le Prince entrât au service autrichien, à moins que son engagement avec moi ne fût déjà entièrement fini, chose à laquelle le Landgrave n'a cependant jamais pensé, mais que ce mensonge avait cependant opéré sur le Prince son fils qu'il s'était prêté, au commencement, de donner l'heure au susdit adjudant pour lui parler le lendemain, mais que, s'étant ravisé de bonne heure encore là-dessus, il avait fait dire après à celui-ci qu'il ne saurait le voir ni accepter de lui des lettres du général Pretlack, ainsi que l'affaire a fini de la sorte que je vous ai déjà marqué par ma dépêche ci-dessus alléguée. Vous pouvez bien faire part de ces particularités aux ministres anglais, quoique historiquement et sans y trop appuyer.

Nous avons reçu4 ici depuis hier la nouvelle que les troupes françaises sous les ordres du maréchal de Richelieu ont débarqué sur Minorque, que la ville de Mahon est prise et que la garnison s'était retirée dans le fort Philippe, dont on formait le siège.



1 Mitchell hatte, am Abend des 8. Mai in Berlin eingetroffen, am 9. Morgens Podewils sein Creditiv vorgelegt. Vergl. S. 319.

2 Vergl. Nr. 7474 S. 309.

3 Das Folgende nach dem Schreiben des Landgrafen, d. d. Cassel 6. Mai. Vergl. Nr. 7484.

4 Bericht Knyphausen's, Paris 30. April. Vergl. Nr. 7488.