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Solms berichtet, Stockholm 11. Mai: „Il y a à présent une grande fermentation dans les esprits. Ceux à qui au commencement de la Diète le Sénat a mis le pouvoir en main pour s'en servir contre la cour, le font valoir à l'heure qu'il est contre le Sénat même, dont ils ont taxé la conduite dans plus d'une occasion. Les plus sensés dans ce parti sentent qu'on va trop loin, mais avouent en même temps qu'ils ne sont pas capables d'arrêter la fougue des gens qui, pour s'être accoutumés à dire des duretés à leur roi, s'imaginent présentement d'être les souverains arbitres du royaume et en sont devenus insolents.“

qu'au cas que cette dernière ne voulût' goûter la voie de la douceur, mais n'avoir, tout au contraire, que de l'aigreur pour ceux qui jusqu'à présent ont refusé d'entrer dans ses vues, elle ne fera qu'irriter par là de plus en plus ceuxci contre le Roi, qui, manquant des ressources et des moyens propres pour se soutenir et pour faire réussir efficacement ses vues contre le parti qui lui est contraire, ne pourra guère s'empêcher de se voir succomber et de tomber de mal en pis. Au moins est-ce de la sorte que je pense sur ces affaires. Vous qui êtes sur les lieux, en porterez un jugement assuré et solide. En attendant, prêchez toujours la modération, autant qu'il vous sera possible et que vous pourrez le faire convenablement.

Vous ferez parvenir sûrement à sa direction la lettre ci-jointe.1

Federic.

Nach dem Concept.


7524. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

[Potsdam, 25 mai 1756.]

Vous aurez vu, par tout ce qui s'est passé chez vous, que le plan de conduite que vous vous étiez formé, n'a pas réussi. La tendresse et l'attachement que j'ai pour vous, m'obligent de vous parler avec franchise; vous flatter dans une occasion pareille, serait vous perdre. Vous n'avez ni parti, ni troupes, ni argent pour soutenir des procédés hauts, ce qui, me semble, devrait vous faire penser sérieusement à employer la ruse et la dissimulation, seules armes dont vous puissiez vous servir dans l'occasion présente. Votre réponse au Sénat est remplie de hauteur et de mépris; j'ai été affligé en la lisant. Pour Dieu! modérez votre vivacité! Vos ennemis, qui la connaissent, en profiteront pour vous faire faire d'autres faux pas. Je ne disconviens point de ce que le Sénat outre les choses, mais voici ce que la politique veut qu'on fasse en pareil cas : lui laisser outrager le Roi, lui laisser abuser de son pouvoir, jusqu'à ce que les esprits modérés commencent à s'apercevoir eux-mêmes qu'on les a menés trop loin; alors il faut les gagner par un bon accueil, par de bons traitements, en leur insinuant qu'ils ne jouent pas dans le Sénat le rôle qui leur convient, et qu'un petit nombre de têtes chaudes se sont emparées de tout le gouvernement. L'intérêt et



1 Nr. 7524.