<414> j'applaudis fort à la réponse que vous lui avez donnée, et que j'ai trouvé telle que je vous l'aurais inspirée, si j'avais été présent à côté de vous, lorsque M. de Rouillé vous a déclamé ce que vous m'avez marqué. Mais, quant au fond de cette déclamation, je ne saurais vous dissimuler qu'elle m'a paru telle comme si le comte de Kaunitz la lui avait soufflée à l'oreille, et qu'elle diminue extrêmement la bonne opinion que j'ai eue de la façon de penser juste de ce ministre, à moins qu'elle ne lui ait été suggérée par [ceux] qui ont été les principaux instruments de la démarche que la France a faite sur ce sujet, et dont ledit ministre redoute le pouvoir présent. J'attendrai, au surplus, ce que le marquis de Valory me dira relativement au susdit traité;1 s'il m'en parle, je lui dirai pour toute réponse combien je souhaiterais que cette affaire sût aboutir à l'avantage du Roi son maître et servir à l'affermissement de la paix de l'Europe; mais au cas que le susdit marquis ne m'en fasse pas des ouvertures, je n'ouvrirai certainement pas la bouche là-dessus. Quant à vous, vous devez faire semblant comme si toute cette affaire au sujet du traité fait entre les deux cours ne vous affectait en aucune manière, tout au contraire vous conserverez toujours le même extérieur comme ci-devant et comme si rien n'était avenu sur ce sujet.

Du reste, j'aurai une satisfaction particulière, quand vous me rendrez compte de l'impression que le susdit traité a faite sur les différents membres qui composent le Conseil, et de quelle façon d'ailleurs les gens sensés et d'affaires s'en seront expliqués; aussi ne crois-je pas me tromper, quand je me persuade que le maréchal de Belle-Isle2 et d'ailleurs le comte d'Argenson ne goûteront point un traité qui au fond ne servira à rien aux intérêts de la France, et qu'elle fera difficilement approuver par l'Espagne, malgré ce que son ministre en France en fait apparaître.

Federic.

Nach dem Concept.


7571. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Michell berichtet, London 4. Juni: Les ministres anglais m'ont prié „d'assurer … à Votre Majesté qu'il s'en fal- lait de beaucoup qu'ils fussent si mal avec la Russie que cela pourrait paraître,3 que non seulement ils comptaient de ramener dans peu cette puissance tout-à-fait dans leurs intérêts, de détruire entièrement dans l'esprit de l'impératrice de Russie et de son ministère les insinuations malignes que les Autrichiens y avaient inspirées,

Potsdam, 15 juin 1756.

J'ai reçu les rapports que vous m'avez faits du 1er et du 4 de ce mois. Mes lettres de France4 de l'ordinaire dernier m'ayant appris que, le traité d'alliance défensive et une convention de neutralité ayant été signés le 1er de mai entre les cours de Versailles et de Vienne



1 Vergl. S. 408.

2 Vergl. Bd. XI, 312.

3 Vergl. S. 336. 337.

4 Bericht Knyphausen's, Paris 4. Juni. Vergl. Nr. 7570.