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7215. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Berlin, 24 janvier 1756.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 12 de ce mois. Je vous ai déjà averti par ma lettre précédente1 que, depuis que le duc de Nivernois est arrivé ici, ses propositions n'ont tendu qu'au renouvellement de mon alliance avec la France. Cependant, je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que, comme la cour de Londres m'a fait bien presser depuis peu pour convenir avec elle d'une neutralité de l'Allemagne, afin que dans la guerre présente aucune puissance étrangère ne puisse faire entrer des troupes dans l'Allemagne, et que ma situation assez critique dont je vous ai déjà informé,2 ne m'a pas permis de refuser entièrement des propositions là-dessus, j'ai communiqué moi-même sincèrement au duc de Nivernois tout ce dont il s'agit dans cette négociation de neutralité de l'Allemagne.3 Si le ministère de France s'avise bien là-dessus et qu'il prenne mûrement en considération la vraie situation présente des affaires, il ne doit trouver rien à dire raisonnablement, si je me prête à une pareille convention, par laquelle je me flatte d'ailleurs de rendre un service essentiel à la France, vu que sûrement j'arrêterai par là 50,000 Russes et tiendrai en échec encore 50,000 Autrichiens au moins, qui, sans cela, auraient tous agi contre la France, sans que cela dérange en rien les projets qu'elle saurait prendre pour pousser ailleurs la guerre.

Au reste, comme rien ne me saurait plus importer dans les circonstances présentes que d'avoir de bonnes informations sur tout ce qui regarde les affaires, afin de voir clair là-dessus, j'espère de votre fidélité et de votre zèle pour mon service que vous [vous] appliquerez soigneusement à continuer de me rendre vos rapports aussi intéressants et instructifs que vous l'avez fait à ma satisfaction entière depuis les dernières ordinaires.4

Federic.

P. S.

Le duc de Nivernois m'ayant beaucoup parlé de Madame de Pompadour, vous devez prendre l'occasion de lui faire la visite pour lui dire par un compliment des mieux tournés combien j'avais été sensible à tout ce que le susdit Duc m'avait assuré de ses sentiments à mon égard; compliment dont je ne vous prescris point les termes, mais dont je vous laisse la liberté de le tourner au mieux et de la façon usitée à vos lieux.

Nach dem Concept.



1 Nr. 7206.

2 Vergl. Nr. 7171 S. 8.

3 Vergl. Nr. 7212.

4 Vergl. Nr. 7196. 7199. 7206.