<56> France des propositions qui m'ont été faites de l'Angleterre,1 et dont il vous a paru être informé plus que superficiellement, mon intention est que vous lui direz que j'avais informé, on ne saurait pas mieux, de tout en détail le duc de Nivernois,2 qui sans doute en aurait fait son rapport circonstancié à lui. En attendant, après la réquisition faite de Sa Majesté Très Chrétienne à l'Angleterre,3 j'ai fait encore, à ce que vous savez,4 tous les efforts possibles en Angleterre pour voir s'il n'y a pas moyen encore de concilier les différends entre la France et l'Angleterre et de conjurer l'orage, sur quoi je n'ai point encore reçu la réponse. Quant aux susdites propositions que l'Angleterre m'a fait faire, je vous dirai pour votre direction, et afin que vous soyez à même de répondre à M. de Rouillé, quand il vous en parlera, qu'il ne s'agit dans toute cette négociation que d'une simple convention de neutralité de l'Allemagne, qui ne durera que pendant la guerre présente, et que cette convention pourrait bien prendre consistance :

1° Parceque j'aurais été en droit5 de faire ce traité ou cette convention, quand même mon traité d'alliance défensive avec la France ne serait pas prêt d'expirer, vu que je n'ai point garanti l'Amérique à la France, d'où cependant la guerre qu'on va faire, est originaire; mais que

2° Je lui avais garanti seulement par notre traité ses possessions européennes, où la France n'est point attaquée.

3° Que notre traité irait expirer au printemps qui vient,6 et qu'en conséquence aucune raison au monde ne s'aurait m'obliger à des démarches offensives.

Vous pouvez cependant assurer à M. de Rouillé que tout cela ne m'empêcherait point de faire une alliance défensive avec la France, si elle en demandait, et que je conserverai les mêmes sentiments d'amitié pour la France que j'avais toujours eus pour elle. Vous lui ferez observer, d'ailleurs, que la susdite convention de neutralité ne regardait que la guerre présente et qu'elle expirait, dès que cette guerre se terminerait.

Après cela, si, malgré toutes ces bonnes raisons, vous voyez que M. de Rouillé ou les ministres de France voudraient se cabrer ou faire les revêches, vous leur direz, quoiqu'en termes polis et bien mesurés, que vous ne voyiez aucune bonne raison pourquoi ils voudraient prendre en mauvaise part la démarche que je faisais; que la France avait pour alliée l'Espagne, qui cependant ne voulait point se mêler de la guerre présente; que, quant à ses autres alliés, la Suède et le Danemark, avec qui la France avait des engagements subsidiaires, tous faisaient apparaître que cette guerre ne les regardait pas et qu'ils n'y feraient rien, et qu'ainsi il était difficile de trouver aucune bonne raison pourquoi moi seul devais plus faire que tous ses autres alliés.



1 Vergl. S. 1.

2 Vergl. S. 48. 51.

3 Vergl. S. 32 — 34.

4 Vergl. Nr. 7199.

5 Vergl. S. 49.

6 Vergl. Bd. XI, 170.