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elle vient ne pouvant pas être regardée comme suspecte, espère que cette petite disgrâce augmentera le penchant des colonies anglaises pour la paix, à laquelle elles ont d'ailleurs toujours incliné. D'un autre côté, il prétend savoir que les fonds publics en Angleterre commencent déjà à se ressentir des secousses que leur fait ordinairement éprouver la seule appréhension d'une guerre, et que cette crise se manifeste avec des symptomes si violents que ceux qui connaissent à fond le système des finances de la Grande-Bretagne, commencent à soupçonner que le gouvernement aura beaucoup de peine à trouver les fonds dont il aura besoin pour la poursuite de ses armements … La réunion de ces différents indices, dans lesquels il pourrait bien entrer beaucoup d'exagération, et que le ministère de France envisage avec les yeux de la prévention, le détermine à croire que la frénésie de la nation pour la guerre commence à se calmer,1 et que son langage va devenir plus pacifique qu'il ne l'a été jusqu'à présent. Mais, en même temps, on redouble de fermeté ici, au moins quant aux apparences, et l'on voudrait que les préparatifs qu'on fait pour porter sur les côtes de l'Océan les régiments qu'on a désignés à cet effet, fussent déjà achevés, parcequ'on imagine que ces démonstrations en imposeront à la nation anglaise à la rentrée prochaine du Parlement … Je crois devoir prévenir Votre Majesté que le ministère ne songe pas jusqu'à présent à faire usage du prince Edouard pour la descente qu'il voudrait faire en Angleterre.“ 2

Je viens d'être informé3 que la réponse que le roi d'Angleterre fera à la réquisition de la France,4 sera déclinatoire; ainsi il faudra voir présentement si le ministère de France prendra à la fin une résolution vigoureuse ou s'il est incapable d'en prendre; sur quoi, vous veillerez avec beaucoup d'attention pour m'en informer exactement et à temps.

Au surplus, comme la convention entre moi et le roi d'Angleterre par rapport à la neutralité de l'Allemagne vient d'être signée des deux côtés,5 je suis bien aise de vous en informer, après que j'en ai instruit entièrement le duc de Nivernois,6 et ajoute d'ailleurs pour votre direction que, malgré cela, je viens de donner des ordres à mes ministres et résidents aux cours étrangères7 que, dès que ce traité susdit éclatera et qu'on leur en parlera, ils déclareront que ce traité n'affectait rien que la neutralité de l'Allemagne, pour maintenir la paix et la tranquillité de ce pays pendant la guerre présente entre la France et l'Angleterre, que c'était en conséquence une affaire momentanée, et qu'au surplus je restais dans tous les autres engagements où j'étais avec la France.

Federic.

Nach dem Concept.


7230. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 31 janvier 1756.

J'ai bien reçu, par le dernier courrier que vous m'aviez envoyé, votre dépêche du 16 de ce mois, avec toutes les pièces8 que vous y



1 Vergl. S. 38.

2 Vergl. S. 37.

3 Bericht Hellen's, Haag 20. Januar.

4 Vergl. S. 32—34.

5 Vergl. S. 54.

6 Vergl. S. 48. 51.

7 Vergl. Nr. 7224.

8 Vergl. Nr. 7219.