7372. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

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Hellen berichtet, Haag 12. März: „Le sieur de Slingelandt, receveur général de la province de Hollande, … m'étant venu voir ces jours-ci et ayant causé beaucoup avec moi sur la situation des affaires publiques, me dit qu'il avait prêché depuis bien des années que l'intérêt de la République demandait qu'elle tâchât de se lier fort étroitement avec Votre Majesté, de se procurer Sa bienveillance et de la cultiver avec tout le soin imaginable … Je dois presque m'imaginer qu'il m'était député exprès par les régents d'Amsterdam, pour me tâter un peu de loin sur cette affaire. Je soumets à la haute sagesse de Votre Majesté si, dans le moment présent, Elle croit convenable à Ses intérêts d'entamer des ouvertures que la République voudrait peut-être Lui faire, pour peu qu'elle fût prévenue qu'Elle ne serait pas éloignée de l'écouter favorablement.“

Potsdam, 23 mars 1756.

J'avais à peine fait dépêcher le 20 de ce mois l'exprès qui vous portera mes ordres pour le sieur Michell,214-3 que votre dépêche du 12, envoyée par la voie de Hambourg, me fut rendue. Entre autres nouvelles assez intéressantes qu'elle comprend, je ne m'attacherai présentement qu'à celle que vous m'avez marquée touchant le dessein de quelques régents de la République de me faire faire des ouvertures pour former des liaisons étroites avec la République, et vous dirai, quoique absolument pour votre seule direction, que la faiblesse où malheureusement se trouve actuellement la République, et sa mauvaise situation,214-4 ne me laissent pas grande envie de m'allier avec elle dans la conjoncture présente, puisque, si le cas existait, je n'en aurais que l'embarras, au lieu que de son côté je ne vois pas en quoi elle nous saurait être d'aide et d'assistance. Ainsi ma volonté est que, sans faire semblant en aucune façon de ce que ces instructions portent, vous devez bien éviter d'entrer [en matière] sur ce point avec ces gens-là, quoique vous leur parliez toujours vaguement en termes honnêtes et polis, pour leur faire entendre que la République ne trouvera jamais un ennemi en moi, mais que, tout au contraire, je prendrais toujours ses intérêts et sa conservation à cœur. Pour vous aussi mettre entièrement au fait de ma façon de penser à l'égard de ceci, bien que pour votre direction seule, je vous dirai que la seule occasion qui puisse arriver pour me her avec la République, serait, si

 

les deux cours de Versailles et de Vienne s'allient étroitement ensemble, car alors il faudrait bien songer à des liaisons à prendre avec les Puissances maritimes.

Voilà donc ce qui vous servira d'instruction secrète sur ce point; en attendant vous vous tiendrez clos et boutonné sur toute proposition qui, au lieu qu'elle pourrait me servir de soulagement, ne laisserait pas que d'augmenter mes embarras.

Pour ce qui regarde le sieur de Yorke, vous devez lui insinuer comme de votre propre chef, quand l'occasion s'y offrira convenablement, que la cour de Vienne n'était pas aussi piquée de la perte de la Silésie, qu'elle l'était actuellement de la convention de neutralité de l'Allemagne, vu qu'elle avait été arrêtée par deux électeurs de l'Empire sans l'aveu de l'Empereur,215-1 dont elle croyait l'autorité et le pouvoir blessés par là, et que c'était proprement ce qui avait tant aigri ladite cour contre l'Angleterre.

Au reste, j'accuse la bonne réception du rapport que vous m'avez fait du 16 de ce mois.

Federic.

Nach dem Concept.



214-3 Vergl. Nr. 7364.

214-4 Vergl. S. 185; Bd. X, 228. 268.

215-1 Vergl. S. 128.