7490. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Schreiben der Königin von Schweden, „le 23 avril 1756“ : „Votre lettre du 10 de ce mois324-1 a renouvelé mes inquiétudes, par rapport aux idées que vous avez sur ma situation. J'ignore absolument les partis violents que l'on me suppose avoir voulu prendre, cette Diète. Le Roi a exposé ses griefs avec modération. Il a acquiescé sans opposition à la réponse peu satisfaisante des États, et, depuis ce moment, nous souffrons tous deux, sans murmurer, les chagrins les plus mortifiants. Que l'on ne me reproche point ma froideur envers le Sénat et ses partisans. J'ai fait le premier pas pour les adoucir par un accueil favorable; mais tout a été inutile. En effet, comment se flatter de gagner par des politesses des gens insensibles aux bienfaits! Ne doutez pas de l'abus que le Sénat a déjà fait de son pouvoir. Cet abus pourra un jour révolter les esprits; mais peut-être trop tard. La nation, une fois dans les entraves, aura de la peine à s'en affranchir. Le mal qui est fait, n'est plus à éviter; celui qui restera à faire, éclatera dans la quinzaine. On connaît vos forces, et on les redoute; ainsi toute déclaration vigoureuse de votre part ne manquerait pas de produire un effet salutaire. Mais je crois qu'il serait à propos de la différer encore un peu, pour pouvoir mieux concerter les termes et le moment favorable. Il s'agira peut-être alors non seulement d'empêcher des violences ultérieures, mais de redresser celles qui sont déjà commises. En attendant, soyez persuadé de toute la modération possible de mon côté, de ma déférence pour vos conseils et de l'extrême sensibilité avec laquelle je vois l'intérêt que vous prenez à ce qui me touche. Cette dernière idée me soulage vivement, persuadée que je trouverai toujours dans la bonté de votre cœur les ressources les plus capables de me consoler dans les circonstances embarrassantes dans lesquelles je pourrais me trouver.“

[Potsdam, 11 mai 1756.]

Ce que j'appelle partis violents, sont les menées de Wrangel,324-2 qui a suborné ou voulu suborner 300 hommes des gardes et autant de l'artillerie. La déposition de ceux qui sont arrêtés, contient unanimement que la cour a voulu se servir d'eux pour se rendre maître de la ville et du Sénat, dont on assure qu'il y a eu des têtes proscrites; ce qui me fait d'autant plus facilement ajouter foi à cette conspiration, est une lettre que vous m'écrivîtes l'automne passé et que j'ai encore,324-3 dans laquelle vous me dites en propres termes : « Cette diète ne se passera pas, sans qu'il y ait du sang répandu, ce ne sera pas ma faute. »

A présent que les choses ont été poussées à cette extrémité, il ne faut plus penser au passé, mais songer au remède pour l'avenir. Ma déclaration est toute faite,324-4 et je ne m'en repens pas, car, si elle peut venir à propos, c'est dans le temps où le parti du Sénat triomphant pourrait le plus abuser de sa supériorité. Sans doute, c'est le moment de l'arrêter; car si les passions se calment, ma déclaration deviendrait inutile, mais à présent que les esprits sont échauffés, que le Sénat poursuit chaudement ses vengeances, il est sûr qu'une déclaration ferme peut suspendre la suite de ses procédés violents et lui faire faire des réflexions dont la vengeance n'est pas capable d'elle-même. Je souhaite de tout mon cœur qu'on parvienne à modérer les deux partis. Pour vous parler franchement, je crois qu'ils ont outré les choses de deux parts, qu'il<325> faut qu'ils cèdent tous deux et qu'ensuite chacun se tienne dans les bornes que les lois lui ont prescrites. S'il m'est permis de hasarder, à la suite de ceci, une petite réflexion, c'est de vous prier d'oublier que vous êtes née dans un État monarchique, et de penser souvent que la forme d'un État républicain est tout différente; par conséquent, il faut se conformer, quand on n'est pas assez fort pour changer le gouvernement.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept.



324-1 Vergl. Nr. 7415.

324-2 Vergl. S. 296. 297.

324-3 Das Schreiben liegt nicht mehr vor. Vergl. über eine ähnliche Aeusserung der Königin Maltzahn gegenüber Bd. XI, 212.

324-4 Vergl. S. 312. 323.