7503. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

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Klinggräffen berichtet, Wien 8. Mai: „Ce qu'il y a actuellement de plus intéressant, c'est la course que le baron de Fechenbach339-3 est chargé de faire, et dont j'ai fait mention par ma précédente, près de quelques cours ecclésiastiques dans l'Empire, et on n'oubliera pas sans doute les cours séculières. Ce ministre, qui a été déclaré conseiller privé, après avoir reçu ses instructions, partit avant-hier à midi pour Munich, d'où il se rendra à Ratisbonne et ensuite à Wiirzbourg. Sa commission doit porter de faire des représentations aux cours catholiques de veiller à la sûreté de leur religion, et de sonder pour combien elles pourraient concourir à l'exécution d'un tel projet, d'autant que le parti protestant n'oubliait rien pour fortifier le sien. Ceci sera sans doute conduit avec beaucoup de ménagement, et il y a grande apparence que l'Empereur n'y paraîtra pas, ne lui convenant point de se joindre préférablement aux Catholiques, mais de paraître, s'il est

Potsdam, 18 mai 1756.

J'ai reçu votre rapport du 8 de ce mois. Ce que vous me marquez d'un chipotage secret entre quelques cours ecclésiastiques dans l'Empire et d'autres cours séculières de la religion catholique, n'est point destitué de fondement, et d'autres nouvelles de différents lieux me l'ont confirmé,339-4 ainsi que vous ferez bien de suivre ces affaires avec attention, tout comme je le ferai de mon côté. Je ne saurais cependant m'empêcher de vous faire observer que dans tout ce chipotage il y aura apparemment plus de mauvaise volonté que d'effet, et qu'il n'en résultera rien, pourvu que d'autres grandes et respectables puissances ne s'en mêlent

possible, impartial au dehors. Ce serait ce qui en devrait faire son affaire. C'est assez la coutume ici de paraître, quand il leur convient, ensemble ou séparé … Il y a un peu de contradiction dans la conduite de l'Impératrice-Reine. Je sais comment elle s'est expliquée, il y a dix jours, dans un entretien, parmi quelquesuns de ses confidents, sur la situation présente des affaires, où elle a déclaré formellement de ne vouloir point de guerre actuellement, pas même pendant sa vie; que, par une malheureuse expérience, elle savait les pertes considérables qu'elle avait faites; qu'elle s'en ressentait encore et qu'elle s'en remettrait là-dessus à sa postérité, tandis qu'elle ne demandait que le repos. Quelqu'un a répliqué qu'une guerre de religion serait peut-être difficile à éviter, si on pouvait la faire avec succès, l'occasion pouvant devenir favorable pour cela. Sur quoi elle s'est récriée: « Dieu garde! ce serait la plus terrible de toutes les guerres. » Mais je pense qu'ici elle ne parle pas de cœur; car je connais trop sa bigoterie, pour ne pas être persuadé qu'elle se croirait une sainte, si un tel évènement pouvait être mis en exécution. Mais ce qu'il y a, je crois, de bien certain, c'est que ce projet échouera, si la France ne s'en mêle et y donne la main. C'est à quoi cependant cette couronne n'a jamais témoigné grande inclination, le trouvant contraire à sa politique … Quant au militaire, il paraît du changement depuis environ dix jours, savoir que la marche de cavalerie en Hongrie340-1 n'est point si prochaine qu'on l'avait débitée, ainsi que les ordres en avaient été expédiés.“

ouvertement, ce qui pourra difficilement se concilier avec leurs autres intérêts plus essentiels. Ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule, de sorte que vous vous garderez bien d'en faire apparaître quelque chose ou de désabuser le sieur Keith des impressions que ces chipotages sauraient lui donner.

Je vous sais gré de ce que vous m'avez marqué de l'entretien que la Reine-Impératrice a eu avec ses confidents. Il serait à souhaiter pour la tranquillité publique que les sentiments qu'elle y a manifestés, soient vérifiés par les évènements; sans cela, je ne me fierai guère à cette grande modération, qui se fonde peut-être sur la raison de ce que cette Princesse ne trouve pas les circonstances présentes assez favorables pour agir, et que personne ne saurait raisonnablement lui conseiller de se mêler dans la guerre présente entre l'Angleterre et la France.

Au reste, j'ai appris avec plaisir ce que vous m'avez marqué au sujet de la marche de la cavalerie en Hongrie, qui n'aura point lieu en conséquence de ce que je vous en avais prédit.340-2 Aussi me persuadéje que la cour où vous vous trouvez ne jettera pas son argent pour assembler gratuitement des magasins, et que, s'il arrive qu'elle en fasse les frais, ce sera alors pour des vues sérieuses.

Federic.

Nach dem Concept.



339-3 Vergl. S. 289.

339-4 Vergl. S. 291.

340-1 Vergl. S. 278.

340-2 Vergl. S. 240.