7582. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.

Finckenstein berichtet, Berlin, 18. Juni: „Le sieur Mitchell, ayant reçu hier un courrier de Pétersbourg, m'est venu voir aujourd'hui et m'a dit que, quoiqu'il n'eût reçu qu'une très courte lettre du chevalier Williams et que celle qu'il a écrite à sa cour, et dont il lui a envoyé copie, fût assez laconique aussi, il en voyait cependant assez pour juger que la situation des affaires de ce pays-là n'était pas avantageuse pour sa cour, et qu'il avait cru qu'en honnête homme et en ministre bien intentionné, il ne devait rien céler à Votre Majesté. Qu'il [Williams] mandait à la vérité que le chancelier Bestushew était toujours fidèle et attaché aux intérêts de l'Angleterre et qu'il s'était même déclaré qu'il traverserait la négociation de l'émissaire français426-2 de toutes ses forces; mais que, malgré tout cela, il écrivait cependant en homme embarrassé qui ne se croyait pas sûr de son fait, qui entrevoyait du danger, qui se disait malade depuis plusieurs semaines et qui demandait des ordres et des instructions. Le sieur Mitchell ajouta qu'heureusement il devait avoir reçu actuellement les instructions qu'il demandait, mais que cependant tout cela ne lui plaisait pas et qu'il n'en augurait pas bien pour les intérêts de la cause commune dans ces contrées-là; qu'il croyait aussi entrevoir, par la lettre du chevalier Williams, qu'il n'avait pas toute la confiance du chancelier Bestushew ni l'entière connaissance des ordres que celui-ci avait donnés au prince Golyzin;426-3 qu'en un mot il ne touchait que fort légèrement les armements de la Russie et se rapportait à cet égard à une lettre antécédente dont lui, Mitchell, n'était pas instruit; que cet article lui avait fait naître la curiosité d'interroger le<427> courrier sur ce qu'il avait vu et entendu chemin faisant, et qu'il avait cru devoir me remettre l'une et l'autre de ces déclarations, quoiqu'il sentît bien qu'on ne pouvait guère compter sur la première et encore moins sur la seconde qui ne contenait que des bruits populaires, qui se détruisaient d'eux-mêmes par leur fausseté et leur exagération, et qu'il ne m'aurait pas même communiqués, s'il ne les avait envisagés comme autant d'insinuations que la cour de Vienne avait fait répandre pour aigrir les esprits contre Votre Majesté et pour détacher la Russie de l'Angleterre. Je joins ici ces deux pièces telles qu'elles m'ont été remises par le sieur Mitchell.

Ce ministre a fini par me dire que, quoiqu'il ne regardât pas encore cette affaire comme désespérée, elle lui paraissait cependant assez critique et trop importante pour n'en pas avertir sa cour sur le champ; qu'il allait donc dépêcher son courrier dès ce soir et qu'il attendait les ordres de Votre Majesté pour en dépêcher un autre, dès qu'Elle le jugerait à propos.

J'ai répondu au sieur Mitchell que ces avis ne s'accordaient malheureusement que trop avec ceux que Votre Majesté avait reçus d'autre part;427-1 que je craignais bien que le chevalier Williams n'eût trouvé moyen de déplaire à l'Impératrice et que, si, par-dessus le marché, il n'avait pas toute la confiance du Chancelier, la cour d'Angleterre ne pourrait rien faire de mieux selon moi que de le rappeler sans perte de temps et de le remplacer par un homme sage, et qui fut agréable.427-2 Il en convint avec moi, me dit, en haussant les épaules, que le chevalier Williams avait beaucoup d'esprit et peu de jugement, et ajouta qu'il en avait déjà marqué son petit sentiment à sa cour.

S'il m'est permis, après cela, de hasarder mes conjectures sur tout ceci, j'aurai l'honneur de dire à Votre Majesté que je regarde toute cette manœuvre comme une intrigue du Vice-Chancelier, qui, appuyé du crédit des Schuwalow, aura voulu profiter de la crise singulière des affaires de l'Europe pour culbuter le comte Bestushew; mais, autant que je connais la carte du pays,427-3 ce dernier est si supérieur au comte de Woronzow par l'habileté, par l'intrigue et par la connaissance des affaires, que je ne désespérerai du retour de sa fortune que lorsque je le verrai écrasé, et il serait bien triste et bien singulier qu'après tant de vaines tentatives, il le fût dans le premier moment où la conservation de son ministère aurait pu être de quelque utilité à Votre Majesté. Je conviens, à la vérité, que la chose est très possible, mais, si l'Angleterre s'y prend à temps, si elle lui confie l'argent nécessaire pour ménager ses créatures, s'il se soutient en un mot, il est homme à terrasser insensiblement tous ses ennemis et à travailler ensuite, par esprit de vengeance, à la réconciliation de Votre Majesté avec sa cour avec la même activité qu'il a mise autrefois à les brouiller.427-4 C'est une idée qui peut me tromper, mais que j'ai cru devoir soumettre aux lumières supérieures de Votre Majesté.

Journal et déclaration du nommé Pollock, courrier anglais. A Berlin, ce 18 juin 1756.

Ledit courrier déclare qu'il partit de Saint-Pétersbourg dimanche le 6 de ce mois, de grand matin. Qu'il arriva le soir à Narva, où il y avait un camp d'environ une centaine de tentes. Qu'il arriva à Riga, mercredi le 9 après-midi, et à neuf heures au soir du même jour fut avancé jusques à Mitau. Il déclare, en outre, que depuis Narva jusqu'à Riga et de là à Mitau les chemins étaient remplis de gros corps d'infanterie, lesquels avec deux ou trois mille chariots, qui étaient aussi en marche, formaient une espèce de cordon le long du chemin, pendant trois ou quatre postes, qu'il eut de la peine à s'avancer.

Bruits qui couraient à Saint-Pétersbourg, selon le rapport du même courrier Pollock.

1° Que le roi de Prusse avait formé un camp de 100,000 hommes à Königsberg. Et le courrier, y étant arrivé, fut étonné de trouver qu'il n'en était rien.

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2° Que l'impératrice de Russie, de concert avec l'Impératrice-Reine, devait attaquer le roi de Prusse.

3° Que 170,000 de troupes régulières devaient se camper ou se cantonner aux environs de Riga et de Mitau.

4° Et que 70,000 Kalmouks devaient se cantonner entre Narva et Riga, à un endroit qu'on appelle Roop.

Potsdam, 19. Juni 1756.

Er kann an M. Mitchell von Meinetwegen sagen, wie Ich ihm vor die Communication derer russischen Zeitungen, so er Mir gethan, auf das gratieuseste danken liesse. Nach anderen Nouvellen und Avis, so Ich vorhin schon gehabt,428-1 wäre Ich schon vermuthen gewesen, dass die Sachen dort nicht gut gehen würden, und thäte es Mir sehr leid, dass vor diesesmal Meine Zeitungen richtiger gewesen als die, so man in Engelland gehabt hätte. Nun, dächte Ich, würde der englische Hof ernstlich an gewisse Sachen denken, als exempli gratia erstlich, dass er dem russischen Hof bei jetziger Situation der Sachen eher keine Subsides weiter auszahlete, bevor Engelland nicht von diesen Leuten gewiss wäre, um ihnen nicht die Waffen wie ersteres selbst in die Hände zu geben.

Zweitens glaubte Ich wegen Williams, so wie er, der Graf von Finckenstein, Mir selbst geschrieben hätte, nöthig zu sein, dass fordersamst ein souples, geschicktes und intrigantes Subjectum nach Petersburg geschicket würde, der Präsente vor den Grosskanzler, und was sonsten nöthig sei, mitbrächte, den Williams dort relevirte und alles wieder in Ordnung brächte, auch penetrirete, ob es noch Zeit davon sei oder zu späte wäre.

Wenn sie in Engelland nähere Nachrichten hätten oder judicirten, dass mit dem russischen Hofe nichts mehr zu thun sei, alsdenn würde nichts anders übrig bleiben, als das Projet, so Ich M. Mitchell mündlich gesaget, nämlich wegen der Türken und wegen einiger teutschen Fürsten, zu Stande zu bringen,428-2 und bäte Ich M. Mitchell dasjenige nicht zu vergessen, was Ich ihm wegen Dänemark gesaget hätte.428-3 Ich hätte Gelegenheit gehabt, den Herzog von Braunschweig bei Meiner letzteren Reise428-4 zu sondiren, der denn parat wäre, einen Subsides-Tractat mit Engelland zu schliessen, sobald sein Engagement mit Frankreich zu Ende wäre,428-5 welches M. Mitchell seinem Hof schreiben könnte.

Bei allen diesen Umständen könnte M. Mitchell denken und urtheilen, wie sehr Ich zu wissen nöthig hätte, wie es mit der englischen Flotte stehe, nnd ob Ich von solcher, wenn Ich angegriffen würde, einen Secours zu gewärtigen hätte oder nicht.428-6 Dabei der Graf Finckenstein ihm sagen soll, wie Ich Mich der Antwort erinnere, so die Kaiserin-Königin an den von Keith auf die erste Notification von der Convention gegeben, nämlich sie wünschte dem König von Engelland, dass<429> er viel Hülfe von der Alliance haben möchte,429-1 und dass man wohl sehe, wie selbige dahin gegangen, Mir mit denen Russen so viel zu thun zu geben, dass ich den König von Engelland nicht secouriren könnte, wenn die Franzosen etwas auf Hannover entrepreniren würden; denn Ich glaubete, dass das Concert zwischen dem wienerschen, französischen und petersburgischen Höfen sei, dass die Oesterreicher ihres Ortes und die Russen deroseits mit starken Armeen an den Grenzen sein, und wenn die Franzosen die hannoverschen Lande attaquiren wollten, letztere, nämlich die Russen, Mir eine Declaration thun sollten, dass, falls Ich einigen Secours gäbe, sie Mch attaquiren würden. Er sähe also, in was vor Umstände wir in Absicht auf den russischen Hof gerathen, und dass vorerst fast nichts übrig sei als die Türken und die Dänen, woferne nur noch die Zeit dazu wäre.

Uebrigens soll der Graf von Finckenstein die heute von dem von Klinggräffen zu Wien eingekommene Relation vom 12. dieses den Herrn Mitchell aus dem Originalduplicat nebst dessen Postscripto zu dieser Relation, so er an Mich dabei erstattet, und davon die Abschrift hierbei heget,429-2 lesen lassen, damit er alles um so klarer sehen könne.

Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.



426-2 Vergl. S. 381.

426-3 Vergl. S. 337. 419.

427-1 Vergl. S. 404.

427-2 Vergl. S. 385. 419.

427-3 Als vormaliger Gesandter in Petersburg. Vergl. Bd. VI, 588.

427-4 Vergl. Bd. VIII, 172; IX, 141. 142; X, 535; XI, 484.

428-1 Vergl. S. 404.

428-2 Vergl. S. 329. 399; auch S. 387—389.

428-3 Vergl. S. 410.

428-4 Vergl. S. 407.

428-5 Vergl. S. 391.

428-6 Vergl. S. 388.

429-1 Vergl. S. 139. 363.

429-2 Vergl. Nr. 7595.