<125> d'Angleterre croit avoir besoin de sa flotte ailleurs, surtout pour la défense de son île, le Roi renonce à ce secours, il veut même par amitié pour le roi d'Angleterre différer le commencement de ses opérations jusqu'à la fin, à peu près le 24, d'août, pour que les Français n'aient cette année ni le prétexte ni le moyen de passer en Allemagne.1

On prie le roi d'Angleterre de se servir utilement de ce temps, en poussant les Hollandais à faire une augmentation de 30,000 hommes de leur troupes de terre, en tirant des troupes subsidiaires, 4,000 de Gotha, 6,000 de Darmstadt, 5,000 de Brunswick, 8,000 Hessois, en donnant des subsides aux Bavarois, en y joignant les 3,000 Anspachois, en augmentant ses troupes de l'électorat à 22,000 hommes; le tout, joint ensemble, formerait une armée d'au moins 74,000 hommes. Si cette armée, le printemps qui vient, se portait dans le duché de Bergues, et que, se tenant sur la défensive, elle trouvât le moyen d'arrêter tout court les Français, soit dans l'électorat de Cologne, soit dans le Palatinat, elle ferait évanouir tous les desseins de nos ennemis, elle couvrirait en même temps le pays de Darmstadt, la Hesse, la Franconie, la Westphalie et la Hollande, elle se trouverait à portée de secourir lequel de ces États qui serait menacé de l'invasion des Français, et mettrait en sûreté l'électorat d'Hanovre et toutes les possessions des princes de l'Empire. Si la France dégarnit ses côtes le long de la Manche pour former cette armée, la flotte anglaise pourra en profiter et faire des descentes sur les côtes dégarnies, donner des alarmes le long de la Bretagne et de la Normandie. Si toutes ces troupes restent le long de la mer, la France n'aura sur le Rhin d'armée guère plus torte que 50,000 hommes, les alliés auront la supériorité et, en la tenant inutile sur les bords du Rhin, la cause commune y gagne autant dans la crise présente que par le gain de batailles.

Ce projet mérite attention; si on veut l'exécuter, il n'y a pas un moment à perdre et il faut travailler dès à présent pour être prêt dès le commencement du printemps de l'année r757. C'est l'unique moyen de continuer la guerre et d'en espérer une bonne issue; si nous restons les bras croisés, nous serons écrasés successivement les uns après les autres, faute de nous être prévalus des avantages que le bénéfice du temps et notre vigilance pouvaient nous donner, mais il n'y a pas un moment à perdre. Le Roi, voyant qu'une puissante ligue s'est formée contre lui, est le premier de s'y opposer, sa sûreté ne lui permet pas de différer, et il espère de se trouver par là en état de servir plus utilement ses alliés dans le courant de cette guerre.

Mitchell berichtet an Holdernesse, Berlin 30. Juli (separate), nach Mittheilung einer Besprechung mit dem preussischen Gesandten von




1 Vergl. s. 123. 124.