<143> à se mêler des projets qu'elle a formés avec la cour de France, et que rien ne saurait contribuer plus efficacement à cultiver la bonne disposition dans laquelle se' trouve présentement la cour de Pétersbourg, que d'être assurée de la part de Sa Majesté le roi de Prusse que ses préparatifs militaires n'avaient d'autre objet que sa propre sûreté; et que, loin de vouloir agir offensivement contre la Czarine, Sa Majesté, conjointement avec le roi d'Angleterre, serait disposée d'entrer dans des liaisons de l'amitié la plus étroite avec la cour de Pétersbourg.

Si telle proposition était goûtée de Sa Majesté le roi de Prusse, et qu'elle voulût bien vous autoriser d'écrire en conformité au chevalier Williams, vous dépêcherez un de vos courriers à Pétersbourg, envoyant en même temps un extrait de cette présente lettre. C'est peut-être le moment le plus favorable qu'on aurait souhaité pour entamer une bonne intelligence entre les cours de Berlin et de Pétersbourg : événement que Sa Majesté désire avec tant d'ardeur qu'Elle prie très instamment Sa Majesté le roi de Prusse de ne point omettre cette occasion de l'accomplir.

Potsdam, 29 juillet 1756.

Monsieur Mitchell. Je vous sais infiniment gré de l'attention que vous avez bien voulu me marquer en me communiquant à la suite de votre lettre du 271 le projet de la lettre que vous voulez écrire au sieur Williams, au sujet duquel je suis bien aise de vous dire que je n'ai rien trouvé dans ce projet qui fût contraire à mon idée, et que j'approuve parfaitement si vous voulez vous expliquer en conséquence envers ledit chevalier Williams, dont je ne vous donnerai jamais le démenti; c'est pourquoi aussi je fais joindre ici le projet de la lettre à lui faire avec l'extrait de celle de milord Holdernesse. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

P. S.

Voici encore l'extrait d'une lettre de bonne main et très authentique que je veux bien vous communiquer confidemment pour les choses intéressantes qu'elle comprend.

Extrait d'une lettre de Vienne de bonne main, du 7 de juillet.2

Le comte Kaunitz a dit au correspondant que la cour de Vienne avait fait un plan qui embrassait non seulement sa propre défense, mais aussi celle de ses alliés. Que l'on ferait avancer les corps de cavalerie, consistant en 14 régiments campés à Raab et à Kittsee en Bohême;3 qu'on opposerait 80,000 hommes de troupes réglées au roi de Prusse, auxquelles on joindrait un corps de 15,000 hommes de troupes irrégulières; que le roi de Prusse avait des idées qui lui étaient particulières, et que, s'il agissait dans le moment ici, c'était sur des soupçons que ses ministres4 lui avaient donnés, mais qu'on avait des alliés qui le feraient repentir de ses desseins; qu'il se pouvait aussi qu'il y eût beaucoup d'ostentation dans le jeu du roi de Prusse, ce qu'on ju-




1 In der Vorlage verschrieben: 29.

2 Bericht Flemming's an Brühl, Wien 7. Juli, im Auszuge am 24. Juli von Maltzahn übersandt. Vergl. Nr. 7782.

3 Vergl. S. So.

4 Scil.: ses ministres dans l'étranger.