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C. Extrait d'une lettre de Paris, le 25 de juin

Je1 me bornerai à faire observer

1° Que l'émissaire que la cour de France a envoyé à Pétersbourg, et qui a pris le nom de Douglas,2 est un Ecossais qui s'appelle Mackensie, et qui a été attaché pendant plusieurs années à l'intendant de Paris, sous le nom de Michel. Je sais, en outre, de science certaine et de façon à n'en pouvoir douter, que cet émissaire était autorisé à témoigner au ministère de Pétersbourg combien Sa Majesté Très Chrétienne désirait de pouvoir rétablir les liaisons qui avaient subsisté ci-devant entre elle et l'impératrice de Russie, et de vivre avec cette Princesse dans l'union la plus parfaite, et que le sieur Douglas avait trouvé le ministère, russien dans des dispositions très conformes à l'objet de sa commission et animé du plus grand empressement de se rapprocher de Sa Majesté Très Chrétienne.

Quelqu'un ayant fait objection à un des ministres de France3 qui lui parla dans ce sens-là, que le ministère russien faisait cependant des préparatifs pour la marche du corps auxiliaire qui était à la solde de l'Angleterre, ce ministre s'est avancé jusqu'à dire que, vu les engagements que l'Impératrice avait avec cette puissance, il fallait bien qu'elle fît au moins quelques démonstrations, pour satisfaire cette dernière et lui ôter tout sujet d'inquiétude et d'ombrage. Ce ministre n'a jamais voulu entrer en explication sur le véritable objet de la commission du sieur Douglas.

2° Il est certain qu'il est impossible, vu les dispositions qu'on a faites et la façon dont les troupes se trouvent cantonnées, qu'on puisse rien entreprendre cette année contre l'électorat d'Hanovre.4 Il n'est pas moins vrai qu'une pareille entreprise serait tout-à-fait opposée aux vues de la Marquise5 et à la façon actuelle de penser du ministère de France.

3° On peut être persuadé de la manière la plus positive que le soupçon comme si on était en négociation avec la cour de Suède et celle de Danemark pour les déterminer à attaquer l'électorat d'Hanovre,6 est destitué de tout fondement; qu'on n'a jamais fait aucune proposition à cet égard à aucune de ces deux cours, et que les ministres de Suède et de Danemark7 se plaignent beaucoup du peu de confiance qu'on témoigne à leurs maîtres, et du peu d'ouverture avec laquelle le sieur Rouillé leur rjarle. J'ajouterai même qu'on commence à se méfier du Danemark et à supposer que le retardement qu'il apporte à la signature de l'union maritime,8 provient de quelque négociation secrète entamée entre lui et le ministère anglais.

D. De Saint-Pétersbourg, 19 juin 1756.9

Tous les préparatifs de guerre, tant par terre que par mer, ont cessé ici et sont contremandés, et l'on a envoyé ordre au corps des troupes irrégulières de 25,000 jusqu'à 30„o00 hommes de rebrousser chemin; différents régiments de dragons et d'infanterie qui étaient en marche pour la Livonie, ont aussi reçu de semblables ordres etc.

Nach der Ausfertigung.



1 Knyphausen.

2 Vergl. Bd. XII, 513.

3 Rouillé.

4 Vergl. Bd. XII, 395-

5 Vergl. Bd. XII, 423.

6 Vergl. Bd. XII, 395. 396.

7 Baron Bunge und Graf Wedell Friis.

8 Vergl. Bd. XII, 502. Die Union wurde am 12. Juli unterzeichnet.

9 Es ist die Uebersetzung eines in Berlin intercipirten Berichtes Swart's an die Generalstaaten, d. d. Petersburg 19. Juni 1756. Vergl. die unrichtigen Angaben bei Schäfer, Gesch. des siebenjähr. Krieges I, 187. 188. Zur Sache vergl. auch S. 41 und Bd. XII, 479.