<158> religion protestante serait hors de danger d'être opprimée, mais que la République aurait encore la gloire d'avoir beaucoup contribué au maintien de la liberté de l'Allemagne et à l'indépendance de ses princes. Vous observerez cependant en ceci que vous ne déploierez pas ces arguments que je vous suppédite, tous à la fois, pour ne pas effaroucher d'abord les esprits, mais plutôt pas à pas, en commençant de leur faire comprendre la vraisemblance du susdit projet et le grand préjudice qui en résulterait à la religion protestante; vous citerez l'exemple de Hesse-Cassel et des mauvais procédés dont la cour de Vienne a usé vis-à-vis du Landgrave;1 vous continuerez à leur faire envisager que c'était à présent le moment le plus propre pour maintenir la liberté de la République et en même temps celle de l'Allemagne, et quand vous aurez gagné leur confiance, vous leur représenterez le reste.

Au surplus, je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que les finances de la République ne sont pas si mauvaises, comme on les fait passer au dehors, et je suis informé2 qu'elles sont présentement en meilleur état qu'elles n'étaient avant le commencement de la guerre qu'il fallut soutenir pour la succession d'Espagne, où cependant la République avait au delà de 100,000 hommes, partie en propres troupes, partie en auxiliaires, et que je ne doute pas que vous ne sachiez amener les Régents de la République à contracter une alliance entre elle et entre le roi d'Angleterre et moi, pourvu que vous sachiez leur démontrer et persuader que la religion courrait risque et était en danger, et que la République pourrait beaucoup contribuer à son soutien en procurant de l'assistance aux Protestants contre la France.

Federic.

Nach dem Concept.


7790. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BERLIN.

Potsdam, 31 juillet 1756.

Monsieur Mitchell. Je n'hésite point de vous communiquer confidemment par la copie ci-jointe la lettre que je viens d'écrire à mon chargé d'affaires à la Haye, le sieur de Hellen,3 pour lui ordonner de se donner tous les mouvements imaginables afin de disposer les Régents de la République de contracter une alliance avec le Roi votre maître et avec moi pour notre défense commune dans ces circonstances très critiques, et je me flatte que les arguments que je lui suppédite, ne seront pas sans succès.

Je vous communique, d'ailleurs, ce que l'on m'a mandé de Paris4 des insinuations sinistres qu'on fait à la cour de France contre moi, et



1 Vergl. Bd. XII, 510.

2 Vergl. Nr. 7777.

3 Nr. 7789.

4 Auszüge aus Berichten Knyphausen's, Compiège 18. und 22. Juli. Vergl. Nr. 7787. 7801.