<171> que la France en est la dupe, tout comme la cour de Londres en a été autrefois.

A présent, la susdite cour de Vienne ne travaille que de m'agacer par les démonstrations guerrières qu'elle fait en Bohême et en Moravie, en y assemblant deux gros corps d'armées à peu de distance de mes frontières avec tout l'attirail qu'il faut pour entrer en campagne, et en tirant des cordons de hussards et de pandours le long de mes frontières, sous le prétexte de se mettre à la défensive, tandis qu'âme qui vive de mes troupes en Silésie ne remue, dans le but de me faire passer pour l'agresseur, si à la fin je me mets en état de ne pas être prévenu. C'est aussi pourquoi je me suis vu dans l'obligation de faire demander explication de la Reine-Impératrice sur ses armements,1 dont je vous ai déjà fait faire communication, et à la première ordinaire je ne manquerai pas de vous faire instruire de la réponse que j'ai eue.2

En attendant, si vous savez faire glisser adroitement quelque chose aux ministres de France de ce que je vous ai marqué ci-dessus sur le manège secret de la cour de Vienne, pour en imposer également au ministère de France qu'il est arrivé autrefois avec celui de l'Angleterre, pour en exciter leur attention et leur jalousie à l'égard de la conduite de la cour de Vienne, vous ne perdrez aucune occasion de le faire.

Federic.

Nach dem Concept.


7802. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 3 août 1756.

Votre rapport du 20 de juillet dernier m'est bien entré. Tout ce que j'ai à vous écrire aujourd'hui, c'est que les Autrichiens continuent toujours à pousser aussi loin que possible leurs démonstrations guerrières, tant en Moravie qu'en Bohême; qu'ils y assemblent deux grands corps d'armée proche de mes frontières et qu'ils forment le long de mesdites frontières de Silésie un cordon de hussards et de pandours, de sorte qu'il faut que je croie que les choses ne se développeront qu'avec peine d'une manière désirable.

Au surplus, vous direz à milord Holdernesse, que j'étais bien persuadé que le comte Keyserlingk3 était favorablement intentionné, mais que, comme il n'était que ministre inférieur de sa cour et n'avait que peu d'influence auprès de l'impératrice de Russie, ses sentiments, pour bons qu'ils étaient, ne décideraient de rien.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. Nr. 7722.

2 Vergl. Nr. 7795; S. 162 Anm. 6.

3 Vergl. S. 26. 27. 35.